6 avril 2018

[Abbé Émeric Baudot, fsspx - Le Chardonnet] «Cherchez les choses d’en-haut»

SOURCE - Abbé Émeric Baudot, fsspx - Le Chardonnet - avril 2018

Dans la nuit de Pâques, la liturgie nous fait lire un passage de l’épître de saint Paul aux Colossiens (III, 1) : « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en-haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ; ayez du goût pour les choses d’en-haut, non pour celles qui sont sur la terre. » Et cette phrase constitue également la lecture brève de l’office de prime du bréviaire romain durant tout le temps pascal, c’est dire l’importance qu’y attache l’Église.
     
Pour bien la comprendre, nous devons nous rappeler que la vie du Christ ressuscité est le modèle de la nôtre. Car Jésus-Christ nous a mérité par ses souffrances et par sa mort la grâce de vivre comme lui pour Dieu, d’être associés à son état de ressuscité. Et c’est dès le baptême que nous participons à cette grâce de la résurrection. Saint Paul l’affirme clairement : « Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême pour mourir, afin que, comme le Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle » (Rom. VI, 4). Pour l’Apôtre, l’eau sainte dans laquelle nous sommes plongés au baptême (baptême qui se faisait par immersion aux premiers temps de l’Église) est la figure du sépulcre. En sortant, l’âme est purifiée de toute faute et revêtue de la grâce, principe de la vie divine, tout comme le Christ, en sortant du tombeau, s’est dépouillé de toute infirmité pour vivre désormais d’une vie parfaite. 
      
Nous sommes donc ressuscités avec le Christ, par le Christ, car il désire infiniment nous communiquer sa vie glorieuse. Et pour devenir semblables à Jésus ressuscité, il nous faut vivre dans l’esprit de notre baptême. Cela veut dire renoncer au péché, à tout ce qui nous y entraîne, les occasions, tout ce qui est terrestre, pour vivre en Dieu, pour Dieu avec la plus grande stabilité possible. Concrètement cela reviendra à ne chercher qu’à faire la volonté de Dieu. 
     
Le temps pascal doit donc être un puissant moteur pour notre vie spirituelle. Les efforts de notre carême nous y aideront. Certes les pénitences que nous nous sommes imposées dans la nourriture par exemple peuvent être adoucies. En revanche, les actions pour éviter les occasions dangereuses de péché (je pense à tous les écrans multiples et variés) doivent être poursuivies. 
     
La joie pascale ne supprime pas les tentations. Au contraire, le démon va nous pousser à baisser la garde, à nous faire oublier le «  veillez et priez pour ne pas entrer en tentation » : « le carême est fini, plus de pénitence, à moi la belle vie, Jésus est ressuscité, alléluia ! » Et tout surpris, nous nous étonnerons d’avoir succombé, peut-être même en matière grave. La conséquence sera rapide : le découragement, et tous nos progrès de carême seront vite effacés. 
     
Est-ce une fatalité ? Non bien sûr. La sainteté inaugurée au baptême ne se réalise que peu à peu. Chaque Pâque doit produire en nous une mort plus complète au péché et une croissance plus abondante de la vie de Jésus-Christ. Et vous connaissez le moyen indiqué par saint Paul : « Cherchez les choses d’en-haut ». 
     
Abbé Émeric BAUDOT