6 juillet 2017

[Jean-Marie Vaas - Riposte Catholique] Le pape, le cardinal Müller et la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - Riposte Catholique - 6 juillet 2017

La lettre du cardinal Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a suscité certains commentaires. Cette lettre du préfet émérite peut surprendre dans la mesure où ses exigences rompent avec l’absence de conditions requises par François à la Fraternité Saint-Pie X, ces dernières années. Sans mise en contexte, elle peut apparaître comme une fin de non-recevoir de la part du Saint-Siège, lassé par l’indécision de la FSSPX.

Il ne faut cependant pas perdre de vue certains éléments:
  • La lettre a été écrite par un préfet démissionnaire, dont le départ a des allures de destitution. Ses rapports avec le pontife actuel ne devaient probablement pas le guider à servir une politique qu’il n’a jamais vraiment partagée. Encore évêque de Ratisbonne, il désirait condamner une nouvelle fois la Fraternité, à peine ses évêques étaient-ils relevés de la sanction pesant sur eux depuis 1988. C’était en 2009, et personne ne s’en souvient aujourd’hui… Par la suite, en bon ratzinguérien, le cardinal Müller souhaitait à tout prix imposer la reconnaissance du Concile comme condition et ce, à la différence du pape François lui-même. Par ailleurs, la démarche de radicalisation estivale devient un classique dans les couloirs romains avant un départ important (comme celui de Benoît XVI) ou avant les vacances en juillet. Cela s’est déjà vu en 2008 ou en 2012.
  • Le fait que l’unanimité des cardinaux siégeant à la Feria quarta ait approuvé cette lettre ne dit pas grand chose. Ces derniers auraient tout autant désapprouvé les textes pontificaux sur les confessions et les mariages de la FSSPX. Mais tous n’ont pas les grâces du successeur de Pierre qui bénéficie forcément de lumières particulières. À moins de ne plus croire définitivement aux promesses dévolues par Notre Seigneur au premier apôtre et à ses successeurs…
  • Le pape ne perd rien à laisser le cardinal exprimer sa propre position. Tout en laissant la Fraternité considérer au cours de l’été l’inquiétante situation que provoquerait la fin des relations avec Rome, il accorde une dernière volonté au condamné Müller. Cela permettra à François de relancer le dossier des relations avec la FSSPX sur de nouvelles bases en septembre et cette dernière demandera logiquement de revenir aux textes favorables prévus ces derniers mois par François. À cet égard, il ne faut pas oublier que ces derniers temps, c’est Mgr Pozzo qui était en charge du dossier de concert avec le pontife tandis que le cardinal Müller jouait un rôle purement administratif. Il est de notoriété publique que le cardinal Müller ne semblait guère favorable à la perspective d’une réintégration.
  • Les “résistants” de la FSSPX pensent que c’est la récente insoumission des doyens au sein de leur communauté qui a permis d’impressionner Rome. Cette remarque innocente fait penser au coq de Chantecler persuadé que c’est son propre chant matinal qui permet au soleil de se lever. Les oppositions des ennemis de l’Église sont autrement plus importantes aux yeux de Rome que les revirements de quelques prêtres auxquels Rome est habituée depuis un petit moment (Mgr Williamson, Avrillé, la vingtaine de prêtres déjà partis ces dernières années, etc.).
Quoi qu’il arrive, la papauté aura déjà été trop loin pour mettre un terme à une régularisation sans crier gare. Tous les sacrements de la FSSPX ont été validés par François les uns après les autres. Les sanctions ont été retirées. La Fraternité est déjà presque régularisée. François demeure maître du calendrier.