2 novembre 2015

[Paix Liturgique] Pèlerinage Summorum Pontificum 2015: un grand cru

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°515 - 2 novembre 2015

De retour de Rome où une partie de l’équipe de Paix liturgique a eu la grâce de participer au quatrième pèlerinage international du peuple Summorum Pontificum, nous vous proposons une sélection de textes qui reflètent bien l’intensité joyeuse et sereine de ces journées placées sous la protection de saint Philippe Néri, en commençant par le surprenant et bref mais très équilibré article de La Croix, le quotidien des évêques de France.

Dans un autre quotidien, italien celui-ci (La Nuova Ferrara), Mgr Negri, archevêque de Ferrare et Comacchio et abbé de Pomposa, qui a prêché à Saint-Pierre samedi 24 octobre devant 200 prêtres, une centaine de religieux et religieuses et près de 2000 fidèles, a estimé que la liturgie traditionnelle « renforce notre identité ecclésiale » et la met au service « d’une mission renouvelée, adaptée aux temps actuels [et ouverte] aux vraies exigences des hommes d’aujourd’hui à laquelle nous rappelle constamment le pape François ».
I – MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
À Son Excellence Révérendissime, Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, à l’occasion du pèlerinage à Rome du Cœtus Internationalis Summorum Pontificum qui maintient vivante dans l’Église l’antique liturgie romaine, le Saint-Père le pape François adresse son cordial salut, souhaitant que la participation au pieux itinéraire auprès des tombes des apôtres suscite une fervente adhésion au Christ, célébré dans la beauté de la liturgie qui fait contempler le Seigneur transfiguré dans la lumière de Sa gloire et procure un élan renouvelé au témoignage du message éternel de la foi chrétienne.

Sa Sainteté, invoquant les dons abondants de l’Esprit Saint et la maternelle protection de la Mère de Dieu, vous demande de persévérer dans la prière pour soutenir son ministère pétrinien et adresse de tout cœur à Votre Excellence, aux prélats, aux prêtres et à tous les fidèles présents à cette sainte célébration Sa bénédiction apostolique implorée, propitiatrice d’un chemin fécond ecclésial.

Cardinal Pietro Parolin
Secrétaire d’État de Sa Sainteté
II – L’ARTICLE DE LA CROIX DU 27 OCTOBRE 2015
1.800 participants à Rome au 4e pèlerinage « Summorum Pontificum »
Rome, 27 octobre 2015, article de Gauthier Vaillant

Depuis 2012, ce pèlerinage international rassemble les religieux et les fidèles attachés à la liturgie selon le rite de Saint Pie V. Il coïncidait cette année avec la clôture du synode sur la famille.
Comme chaque année depuis 2012, les prêtres, les religieux et les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Église se sont rassemblés à Rome, du jeudi 22 au dimanche 25 octobre, pour le pèlerinage international « Summorum Pontificum ». Ce rassemblement célèbre chaque année le motu proprio du même nom publié par Benoît XVI en octobre 2007, qui a libéralisé la célébration de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain.
« Notre intention spéciale cette année porte sur la famille chrétienne, puisqu’est en train de s’achever la deuxième assemblée du Synode des évêques qui lui est consacrée », avait annoncé en ouverture du pèlerinage son aumônier français, l’abbé Claude Barthe.
Comme lors des éditions précédentes, le point d’orgue du pèlerinage était la procession vers la basilique Saint-Pierre, à laquelle ont participé 1 800 personnes dont 200 prêtres et séminaristes, et présidée par un français, Dom Jean Pateau, père abbé de l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Fontgombault (Indre).
Les pèlerins ont ensuite suivi la messe dans le rite tridentin dans la basilique, à l’autel de la Chaire, célébrée par Mgr Juan Rodolfo Laise, archevêque émérite de San Luis, en Argentine.
Le pape François, dans un message portant la signature du cardinal Pietro Parolin, adressait « ses vœux cordiaux » aux pèlerins « qui maintiennent vivante au sein de l’Église l’antique liturgie romaine », leur souhaitant « un élan renouvelé pour le témoignage du message pérenne de la foi chrétienne » et leur accordant la bénédiction apostolique, « gage d’un chemin ecclésial fécond ».
III – PASSAGES DES HOMÉLIES DES CÉLÉBRANTS
a) Mgr Guido Pozzo, Président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, vendredi 23 octobre à Santa Maria in Campitelli
La grandeur de la liturgie consiste non pas à offrir un divertissement spirituel, aussi plaisant soit-il, mais à se laisser toucher par le mystère de Dieu qui se présente à nous puisque, par nos forces seules, nous ne réussirions pas à nous en approcher.
La célébration de la Sainte Messe dans le rite romain traditionnel met en évidence des éléments et des aspects indispensables pour nous faire percevoir la sacralité du Rite, la présence réelle du Christ, le caractère sacrificiel de la Messe qui est, précisément, le sacrifice du Christ. Tout ceci participe à la construction du corps du Christ qui est l’Église.
La liturgie ancienne n’est pas une relique du passé mais une réalité vivante de l’Église qui contribue à rendre actuel le patrimoine de sainteté et de prière que la Tradition nous transmet.

b) Mgr Luigi Negri, archevêque de Ferrare et Commacchio, samedi 24 octobre à Saint-Pierre
Au cours de la messe célébrée par Mgr Juan Rodolfo Laise en la basilique Saint-Pierre de Rome, Mgr Negri a donné d’abondance une belle prédication, appuyée sur quelques notes. Le thème en était, alors que se concluait au même moment le synode des évêques : la foi, qui nous pousse à témoigner avec force de ce dont nous sommes rendus capables par la grâce et nous oblige ainsi à dire possumus, mais qui nous conduit aussi à témoigner de ce qu’il ne nous est pas permis de faire en raison de notre fidélité au Christ et nous oblige alors à dire aussi non possumus à une société sécularisée qui voudrait éliminer l’Église et l’Évangile de son quotidien.

c) Dom Jean Pateau, Abbé de ND de Fontgombault, dimanche 25 octobre à la Trinité des Pèlerins
Lors du sacrement du baptême le prêtre interroge le catéchumène : «Que demandez-vous à l’Église ?» Il répondra : « La foi. » Une réponse qui doit être le ferme propos d’une vie. La faillite de l’espérance et de la charité tient souvent au manque de foi, à une vue trop humaine des situations qui oublie l’abandon au plan de Dieu.
La reconnaissance par les États, par les nations, de la royauté du Christ, commence par l’acceptation de cette royauté sur chacun d’entre nous. Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Sa Sainteté le pape Benoît XVI nous permet de puiser dans la paix aux richesses liturgiques de la forme extraordinaire. À notre reconnaissance s’ajoute un devoir que j’ose résumer en une question : notre foi est-elle aussi extraordinaire que le rite que nous célébrons ? Recentrer la liturgie sur le Christ n’a qu’un but : devenir soi-même un vrai témoin de la royauté du Christ, vivre du Christ et pour le Christ, au point que tous devraient pouvoir dire : « C’est le Christ qui vit en lui. »
IV - MOT DE CONCLUSION DE L’ABBÉ CLAUDE BARTHE, AUMÔNIER DU PÈLERINAGE
(Trinité des Pèlerins, à l’issue de la messe pour la fête du Christ-Roi, 25 octobre 2015)
Il nous faut rendre grâces à Dieu pour tout ce qu’Il nous a accordé dans ce pèlerinage au Tombeau des Apôtres. Remercier aussi tous ceux qui ont contribué au bon et noble déroulement des cérémonies sacrées : le curé de cette paroisse, qui joue auprès de nous le rôle de saint Philippe Neri, et tous ses assistants ; les laïcs qui ont porté l’organisation de notre itinéraire de longue date ; les cérémoniaires qui font vivre à la perfection l’esprit et la lettre du Cérémonial romain ; les chœurs magnifiques, la Schola Sainte Cécile et le chœur Cantus Magnus, qui ont été pour nous comme les signes sacramentels de grâces qu’on peut dire contemplatives ; et, bien entendu, tous les Révérendissimes Prélats qui ont bien voulu célébrer nos saintes messes.

(tourné vers Dom Pateau)
Nous vous disons particulièrement toute notre gratitude, Révérendissime Père, de nous avoir accompagnés pas à pas en ces jours, portant au milieu de nous, à Rome, l’esprit romain de Fontgombault – Fontgombault appelée peut-être, oserais-je le dire ?, à être le nouveau Cluny de la nouvelle réforme grégorienne que l’Ecclesia adflicta, l’Église, éprouvée comme jamais, espère contre toute espérance.

Chaque jour, chers pèlerins venus de partout, vous avez exprimé une grande émotion. On ne mesure certes pas les dons de Dieu et les grâces qu’Il peut faire librement à chacun, mais nous sommes trop attachés à la liturgie et trop dévots de saint Philippe Neri pour ne pas savoir que les motions invisibles de l’Esprit dans l’âme peuvent se manifester par ces motions sensibles produites et régulées par la beauté céleste de la liturgie romaine.

Que la Mère du Grand Prêtre éternel, du Christ Roi des nations, l’implore en faveur de toutes nos intentions.

À tous, au revoir et à l’année prochaine.