1 octobre 2015

[Abbé Dominique Rousseau, fsspx - Apostol] Conversion ? Piège ? ... Prudence.

SOURCE - FSSPX (District de France) -  Abbé Dominique Rousseau, fsspx - Apostol (bulletin) - octobre 2015

La dernière livraison d’Apostol vous a fait part des réflexions de notre Supérieur de district sur la Bulle papale du 11 avril 2015, annonçant le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde (8 décembre 2015 - 20 novembre 2016). Ce commentaire, net et précis, dénonçait une miséricorde viciée, ayant pour source le faux œcuménisme essentiellement. Et voilà que, le 1er septembre dernier, le pape François s’adressait à Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation.

Plus précise et, c’est à souligner, plus orthodoxe (catholique) que le texte d’avril dernier, la lettre du pape parle nettement du péché que la miséricorde divine efface par le sacrement de pénitence. Il évoque même le crime de l’avortement, soumis à l’excommunication, que tout prêtre durant ce Jubilé pourra absoudre. Et enfin, contre toute attente, il se penche sur la Fraternité Saint-Pie X. Intéressant n’est-ce pas, et imprévu dans une telle lettre qui ne traite pas de notre Société. Voici les termes de cette adresse :

« (...) Une dernière considération s’adresse aux fidèles qui, pour diverses raisons, désirent fréquenter les églises où les offices sont célébrés par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Cette Année jubilaire de la Miséricorde n’exclut personne. Certains confrères évêques m’ont fait part en plusieurs occasions de leur bonne foi et pratique sacramentelle, unie toutefois à la difficulté de vivre une situation pastorale difficile. J’espère que dans un proche avenir, l’on pourra trouver les solutions pour retrouver une pleine communion avec les prêtres et les supérieurs de la Fraternité. Entre temps, animé par l’exigence de répondre au bien de ces frères, j’établis, par ma propre disposition, que ceux qui, au cours de l’Année Sainte de la Miséricorde, s’approcheront, pour célébrer le sacrement de la réconciliation, des prêtres de la Fraternité Saint Pie X recevront une absolution valide et licite de leurs péchés. (...)»

La lecture de cette lettre suggère quelques remarques succinctes et non exhaustives : 

1 - Les prêtres de la Fraternité n’ont jamais eu le moindre doute sur la validité des absolutions (ni des mariages) qu’ils ont données depuis sa fondation. Elles ont toutes été aussi bien valides que licites, en raison de la crise dramatique que la sainte Église traverse depuis le dernier concile. Chers fidèles, soyez sans inquiétude : vous êtes bel et bien mariés, vous êtes bel et bien pardonnés quand vous vous adressez aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Le salut de vos âmes légitime nettement la réception des sacrements que nous vous administrons. Quoique notre juridiction soit extraordinaire sur les âmes qui nous demandent la miséricorde des sacrements, elle n’est pas moins réelle pour autant. 

2 - Nous prions que nombre de fidèles frileux et inquiets jusqu’à présent sur notre capacité d’absoudre viennent s’agenouiller dans les confessionnaux de nos prieurés et chapelles. Certains fidèles fréquentant les communautés Ecclesia Dei inculquent à leurs enfants et clament à leur entourage que nos sacrements ne sont pas valides, et fuient pour cela nos confessionnaux. Nos prêtres seraient justes bons à enseigner le catéchisme, mais ils sont schismatiques. Argument faux, injuste et incohérent qui dénature le jugement des enfants, si malléables dans leur jeunesse. Eh bien, que ce geste du souverain pontife, si moderniste, si libéral en tant de points, apaise les consciences des âmes fragiles, et les fasse humblement recevoir la Miséricorde divine que nous leur prodiguerons sans compter durant cette année comme en tout temps.

3 - Nous vivons un temps de grande confusion, c’est bien vrai et ça n’est pas fini... L’ivraie est largement mêlée au bon grain. D’un côté les églises nous sont largement refusées dans les diocèses, d’un autre le pape en personne va permettre qu’un grand nombre d’âmes ne soient plus inquiétées : elles peuvent en toute sérénité s’adresser à nous, pauvres prêtres. C’est une grâce, ne la boudez pas, chères âmes de tous horizons!

4 - Après le Jubilé, que cette juridiction ordinaire nous soit totalement accordée et sans condition, ou retirée, ne changera rien. Nous continuerons à absoudre les âmes comme avant : « le salut des âmes est la loi suprême de la sainte Église. » Nous sommes pleinement catholiques, décomplexés devant les épouvantails qui nous ont traités depuis des années de parias, désobéissants ou rebelles, voire schismatiques. Vos prêtres sont bel et bien catholiques et fiers de l’être.

5 - Vigilance et confiance. Le pape sait bien que nous refusons d’accepter le concile et la nouvelle messe, pour des raisons de Foi. Esquivant la difficulté, à la jésuite il nous offre une juridiction ordinaire sur les âmes pour les absoudre de leurs péchés, pour un an. Et après ? Il peut faire plus encore : une reconnaissance gratuite. Une bonne intention, une conversion de Rome, ou un piège ? Dans ce dernier cas de figure, nous connaîtrions une grande confusion, le but étant de sectionner les muscles de nos cordes vocales.

Quoique l’avenir ne nous appartienne pas, gardons les yeux ouverts et prions, chers fidèles, sans oublier la vertu d’Espérance et la Confiance en Dieu : notre Fraternité, à travers les nombreuses tempêtes essuyées depuis ses débuts, vit toujours (malgré les mauvais augures), vaillante au combat pour le maintien et la propagation de la Foi partout.

6 - Nous dénonçons et attaquons le mal, le démasquant où qu’il se trouve. Les erreurs pullulent et la crise qui secoue l’Église n’est pas finie... Faute de place, le bulletin ne traitera pas du Synode sur la famille qui va se dérouler en octobre. Prions et faisons pénitence car les derniers pans de la doctrine catholique relatifs à la morale menacent de sombrer... Nous en parlerons dans le prochain Apostol.

Pour finir, voici la pensée de l’abbé Petrucci (Supérieur du district d’Italie) s’exprimant quelques jours après la parution de la lettre du Pape : « On peut trouver une explication dans le fait que le Pape nous considère comme faisant partie des “périphéries existentielles” vers lesquelles “il faut se tourner ” ; ou parce que, dans la mesure où il nous considère juridiquement comme “ non en pleine communion ”, même si ce n’est pas de fait, il tente effectivement de nous faire entrer dans la cage, avant de resserer sur nous son étau ! Ce Pape s’est démontré souvent imprévisible, et assez peu attaché à la Doctrine, quant à la pratique, et cela incite certainement à la prudence.» 

Abbé Dominique Rousseau Prieur