19 mars 2015

[Abbé Neri - Le Forum Catholique] L'esprit schismatique

SOURCE - Abbé Neri - Le Forum Catholique - 19 mars 2015
En ce jour où s'est accomplie la consécration épiscopale de Mgr. Faure par Mgr. Williamson on entendra à nouveau parler d'un "acte schismatique" comme fut le cas en 1988, lors du sacre accompli par Mgr. Lefebvre.

C'est bien le terme employé par le Pape de l'époque dans sa lettre apostolique:

"En lui-même, cet acte a été une désobéissance au Souverain Pontife en une matière très grave et d'une importance capitale pour l'unité de l'Eglise, puisqu'il s'agit de l'ordination d'évêques par laquelle se perpétue sacramentellement la succession apostolique. C'est pourquoi une telle désobéissance, qui constitue en elle-même un véritable refus de la primauté de l'évêque de Rome, constitue un acte schismatique." (1)

Il est très important de remarquer que le jugement exprimé concerne l'acte en "lui-même" objectivement indépendamment des considérations subjectives qui ont porté son auteur à le réaliser.

Le mot schisme vient du grec ancien σχισμός / skhismós, qui signifie « séparation », du verbe σχίζω / skhízô, « couper, fendre ». Le schisme étant donc un état conséquent à la séparation. Du point de vue juridique il est indispensable de distinguer l'aspect matériel et formel.

Mais en tout état de cause le nombre de personnes concernés ne saurait pas diminuer la tristesse que ses épreuves causent à l'Eglise. Comme on peut le noter dans le même document:

"Cette tristesse est particulièrement ressentie par le successeur de Pierre à qui revient en premier de veiller à l'unité de l'Eglise, même si le nombre des personnes concernées directement par ces événements est relativement réduit. Car chaque personne est aimée de Dieu pour elle-même et a été rachetée par le sang du Christ versé sur la Croix pour le salut de tous les hommes."(2)

Il me semble que au-delà des opinions fort diverses qu'on peut avoir sur la crise effroyable qui traverse le monde et l'Eglise, pour nous catholiques cette vérité première doit guider notre attitude : la foi agissant par la charité.

Le schisme s'opposant en premier à la charité le meilleur moyen de le vaincre est celui de la douceur. Dans ce domaine les exemples des saints ne nous manquent pas, qu'il suffise de mentionner celui de saint François de Sales justement célèbre par sa douceur :

"La grâce à son tempérament aussi bien que la nature, et la douceur chrétienne - au sentiment même de l'illustre François de Sales - n'est qu'une constitution de l'homme intérieur, qui le rend soumis à Dieu, tranquille en lui-même, et bienfaisant à l'égard des autres. Or elle ne peut avoir ces trois effets, qu'elle ne se répande en quelque sorte sur toutes les vertus; réglant les entreprises de la force, modérant l'extrême sévérité de la justice, inspirant du courage à l'humilité, corrigeant les excès du zèle, dépouillant la charité de toute affection propre pour lui en donner d'universelles."

L'esprit schismatique souffle tellement parmi les chrétiens que une bonne dose de douceur n'est pas de trop pour nous tous.
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(1) Lettre apostolique "Ecclesia Dei" sous forme de "motu propio" du 2 juillet 1988 - n° 3
(2) Idem, n° 2
(3) Panégyriques de Saint François de Sales: évêque et prince de Genève par Jacques-Bénigne Bossuet p. 26