8 septembre 2013

[La Porte Latine - FSSPX] Du Golgotha à Copacabana lors des JMJ 2013 : Très Saint Père, rendez-nous la Messe !

SOURCE - La Porte Latine - FSSPX - 8 septembre 2013

La médiatisation de la papauté a du bon. Elle permet de faire connaître et aimer le Siège apostolique jusqu’aux extrémités de la terre. Elle confère au catholicisme une visibilité qui touche les âmes et en même temps donne un exemple aux prêtres du monde entier. Imaginons l’impact qu’aurait une messe traditionnelle célébrée par le successeur de Pierre ! Le pape Benoît XVI était conscient de cette force de frappe médiatique et il l’a utilisée dans une certaine mesure ces dernières années, pour freiner les abus liturgiques, en revêtant des ornements dignes, en restaurant le crucifix et les six candélabres sur l’autel, en multipliant les adorations eucharistiques, en distribuant exclusivement la sainte communion sur les lèvres.

Notre mission n’est pas celle du Saint-Office. Elle ne consiste pas à juger ni les papes, ni les évêques, ni les organisateurs des Journées mondiales de la Jeunesse. Mais, à la vue de la manière dont étaient traitées les saintes espèces à l’occasion de l’édition de Rio de Janeiro le 28 juillet dernier, nous n’avons pas pu ne pas nous émouvoir devant les faits et, à la suite de notre vénéré fondateur, nous ne pouvions que redire ces mots à la fois simples et désemparés : « Notre cœur a tremblé, nos intelligences aussi, et notre foi s'est émue. »

Si le Saint-Père a déposé sur les lèvres des fidèles des hosties recueillies dans un ciboire précieux, la négligence ou la perte de toute révérence envers Notre Seigneur a fait que, aux extrémités de la foule de trois millions de personnes, la Sainte Eucharistie a été distribuée avec irrévérence par des organisateurs laïques – hommes et femmes – lesquels avaient négligemment versé les saintes espèces dans des bols de céramique, voire même des gobelets de plastique.

Cette pratique a été largement remarquée et elle a profondément scandalisé des fidèles présents, légitimement déboussolés.

Devrions-nous nous effacer devant cette réalité ? Si Jésus Christ n’était qu’un simple homme, ne serions-nous pas comme ce prêtre et ce lévite qui, précédant le Bon Samaritain, ignorèrent de manière pharisaïque ce malheureux qui fut abandonné sur la route qui mène de Jérusalem à Jéricho?

Pourtant le Saint Sacrement est bien plus, il contient réellement et substantiellement Jésus Christ, fils de Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité, notre Sauveur et notre Rédempteur, qui a donné sa vie pour nous racheter. Comment ne pas exprimer notre profonde douleur devant le spectacle d’une plage géante qui célèbre dans la désinvolture ce qui est en réalité le renouvellement du Sacrifice du Calvaire ? Mais le nouveau rite, fabriqué en 1969, exprime-t-il encore l'essence de la Messe catholique ?

A moins de subir à nouveau la négligence des soldats hierosolomytains, Notre Seigneur ne devrait-il pas, au moins, être traité comme son vicaire sur terre, qui a droit à un trône, à des assistants, aux ovations et aux égards d’une foule unanime ?

Cette pratique eucharistique reflète malheureusement, de manière symptomatique, le sort réservé aux saintes espèces depuis quelques décennies. La créativité consécutive à la réforme liturgique les a livrées aux mains des laïcs, au risque de multiples profanations.

L’autorité progressivement effritée a concédé de manière exceptionnelle une communion dans la main qui s’est généralisée, aboutissant aux constats consternants que révèlent les sondages. Une très grande majorité des catholiques ne croit plus en la présence réelle. Et désormais ce sont des prêtres qui pensent qu’ils n’ont plus entre les mains que du pain. En célébrant les saints mystères selon les normes héritées de la Tradition, le prêtre, par les nombreuses génuflexions, par les multiples égards réservés aux parcelles de la Sainte Hostie, ne peut douter qu’il a entre les mains le plus précieux des trésors : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

Aussi, nous supplions le Saint Père de mettre un terme à ces pratiques souvent ignorantes et de prendre en considération notre appel. Cet appel, nous le lançons au profit de la cause la plus noble : celle de notre Sauveur ! Nous le défendons car nous craignons que si nul ne brise le silence, il ne trouvera aucun avocat, lui qui s’est fait prisonnier de son amour dans le sacrement du tabernacle :

Très Saint Père, nous vous prions de restituer les honneurs dus au Saint-Sacrement, de réapprendre à tous nos frères à s’agenouiller devant leur Seigneur, de recentrer les tabernacles, de redresser les tables de communion, de faire en sorte que, chaque fois que la Sainte Eucharistie sera déposée sur des lèvres, c’est cet acte de foi qui résonnera en chaque âme : Mon Seigneur et mon Dieu !

Et, sans nul doute, nous verrons alors les fidèles retrouver la ferveur et gagner à nouveau le chemin des églises. Bien au-delà des desseins d'adaptation ou d'inculturation, l’Évangélisation, qu'elle soit dite ancienne ou nouvelle, ne pourra emprunter que ce chemin, celui de l’amour de Jésus Christ au Très Saint Sacrement de l’autel. C'est celui que Dieu nous a donné pour tous les temps.

Très Saint Père, rendez-nous la Messe !

La Porte Latine, le 8 septembre 2013 en la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie