10 juillet 2012

[Si Scires] Mais nous souffrons dans l'Eglise - Abbé Raymond Dulac

SOURCE - Si Scires Dinum Dei - 10 juillet 2012

L'abbé Raymond DULAC, élève au Séminaire Français de Rome dans les années 1920, prêtre et canoniste, fut un précurseur de la lutte contre le progressisme. Dans l'après-guerre, il participa activement à la revue "La Pensée Catholique" de l'abbé Luc Lefevre, qui lutta dans ces années contre le progressisme rampant, spécialement en France; il fonda en outre la revue "Le Courrier de Rome" qui deviendra par la suite la version française de la revue italienne "Si si, No no". Le père Congar, o.p., théologien à Vatican II le qualifiait déjà, dans les années 50, d'"intégriste" (in "Journal d'un théologien"). Venant de sa part, c'est tout un honneur. 
« J'adresse les dernières lignes de cet ouvrage à mes condisciples, à nos amis, proches ou lointains. Ils souffrent, nous souffrons des humiliations subies par l’Église notre mère, au cours de ce Concile dénaturé, et après. Mais nous souffrons dans l’Église ! Ne pensons pas que c'est à nous, et à distance, de la guérir de ses blessures.

Souvenons-nous du conseil vraiment catholique donné par Denys d'Alexandrie au schismatique Novatien : « Si, comme tu le prétends, c'est contre ton gré (que tu es séparé de l’Église) prouve-le nous en revenant, de ton gré ».

« Et cet autre conseil, de notre Yves de Chartres, dont nous osons adapter le sens à notre objet: « S'il arrive que certains se plaignent d'avoir été accablés, à l'excès, par l'autorité de l’Église elle-même, alors que ce soit d'Elle à Elle qu'ils aillent chercher refuge ; qu'ils demandent le soulagement là même où ils ont éprouvé l'accablement : inde levamen... unde gravamen ».

« Nous voulons, amis, violemment, garder la foi « de toujours » ? Que ce soit aussi la foi SALUTAIRE. Croyons, mais « comme il faut » : sicut oportet. Cette foi n'est pas une simple exactitude. Elle n'est certes rien, si elle n'est pas conforme, dans son objet et dans ses motifs, à la Révélation du Verbe de Dieu fait homme. Mais elle n'est rien, non plus, si elle n'est pas professée dans l’Église, in medio Ecclesiae : dans ce milieu biologique où nous avons été plongés au jour de notre baptême, la foi vitalisant l'eau et l'eau sanctifiant la foi, devenue la pure lumière qui joint l'âme du fidèle à la Lumière de gloire du Seigneur, vivant dans Son Église.

« L’Église d'Afrique connut, au temps de Saint Augustin, une «crise» qui ressemble à la nôtre. Souvenons-nous des paroles que l'évêque d'Hippone adressa, un jour, à l'un des chefs de la secte donatiste, Emeritus, présent dans l'assistance . «En dehors de l’Église, il peut tout posséder, Emeritus, hormis le salut. Il peut avoir la dignité (de l'épiscopat), il peut avoir le Sacrement, il peut chanter l'Alléluia, il peut répondre Amen, posséder l’Évangile, avoir et prêcher la foi ; mais nulle part, sinon dans l’Église, il pourra trouver le salut».
« Église d'abord!
« C'est Elle, Elle seule, la Catholica, visible dans son chef visible, l’Évêque de Rome, même un jour défaillant, elle seule qui saura séparer le pur froment et la paille de tous les aggiornamenti.»

Abbé Raymond Dulac, La collégialité au deuxième Concile du Vatican, éd. du Cèdre, Paris, 1979, pp.159-160
L'abbé Bonneterre, qui le cite dans dans livre Le mouvement liturgique notait déjà :
"Nous voudrions aussi mettre nos lecteurs en garde contre une certaine mode intellectuelle qui se répand comme une peste dans nos milieux réputés «traditionalistes» : l'esprit de surenchère dans l'opinion la plus extrême qui fait rechercher, à tout prix, la position la plus «dure», comme si la vérité d'une proposition souffrait d'être influencée par un parti pris volontariste d'anti-quoi-que-ce-soit".