18 juin 2012

[Abbé Simoulin, fsspx] Accordiste

Abbé Simoulin, fsspx - 18 juin 2012

J’étais déjà « fatigué », pour ne pas dire gâteux. Plus gentiment, j’étais naïf, et j’avais changé ! Mais voici que je suis devenu « accordiste » ! Ce serait amusant si ce n’était dialectique : on me dit « accordiste », et je suis donc en désaccord avec les « non-accordistes » ! Belle façon de diviser ceux que rien ne devrait vraiment séparer.
 
J’avoue bien simplement que ne sais pas ce que cela signifie car il n’a jamais été question – ni dans l’esprit de Mgr Fellay, ni dans mon esprit – de réaliser un « accord » avec qui que ce soit ou avec quoi que ce soit ! Je ne me souviens pas d’avoir jamais émis le désir d’un « accord »… Accord sur quoi ? Il semble qu’on entende par là un accord entre Rome et la Fraternité, sur la base d’un accord entre l’erreur et la vérité, entre le néo-modernisme et la Tradition, en vue d’une situation honorable dans l’Eglise. Je vais vous décevoir mais je ne suis toujours pas en « accord » avec le Concile, et je suis prêt à re-signer des deux mains toutes les études que j’ai faites en France ou en Italie depuis trente ans sur Jean XXIII, sur le Concile, sur le N.O.M. etc…

Je puis confesser cependant que ce que je souhaite, c’est que Rome fasse justice à Mgr Lefebvre et nous restitue cette reconnaissance canonique qui nous a été injustement retirée, en nous admettant tels que nous étions à l’époque et sans nous demander d’avaler ce que nous rejetons depuis quarante ans. Je suis surpris que ce désir ne soit pas partagé par tous et toutes ! 
 
Rome n’a pas changé, bien sûr mais, depuis la fin de l’année 2000, Rome nous propose et nous invite à retrouver une situation « légale » dans l’Eglise. Les préalables que Mgr Fellay avait demandés ont été satisfaits, et nous arrivons donc à l’heure de la décision : accepter ou refuser de retrouver un statut légal… sans concession. 
 
Depuis, et surtout ces derniers temps, je prêche la confiance envers Mgr Fellay et son conseil, quand d’autres – les « non-accordistes » – prêchent publiquement la méfiance voire la résistance ouverte. La rencontre du 13 juin, qui n’a pas abouti à la signature prophétisée, devrait suffire à calmer les pseudo-prophètes… mais je n’en suis pas sûr ! Mgr Fellay n’a toujours pas trahi… pourquoi le ferait-il demain ?
 
Je prêche aussi l’amour de l’Eglise, et la nécessité de rendre officiellement au vrai sacerdoce et à la véritable Messe leur place centrale dans l’Eglise, ce qui est la vocation de la Fraternité, vocation contestée et empêchée par les autorités de l’Eglise.
 
Je prêche aussi, comme je le fais depuis toujours, le refus des erreurs du Concile Vatican II. Ma discrétion en ce domaine depuis mon retour en France ne signifie nullement un changement d’attitude, et ceux qui sont attentifs au ministère plus discret qui est le mien auprès des religieuses, des enfants et des fidèles peuvent en témoigner, s’ils sont de bonne foi.
 
Je prêche aussi que, si Rome ne nous impose aucune condition contraire à la foi et à la saine doctrine, nous devons être attentifs à ne pas agir uniquement par crainte des conditions concrètes dans lesquelles notre apostolat devrait se réaliser en cas de reconnaissance canonique. La nécessité nous a obligé à prendre des habitudes d’indépendance, et nous envisageons difficilement de ne plus jouir de cette « liberté » qui, en soi, ne peut exister dans l’Eglise.
 
Je ne le prêche pas, mais je pense donc encore que si la possibilité de continuer « légalement » notre action et notre prédication sans entraves et sans compromissions nous est offerte, ce serait une faute de la refuser.

Si c’est cela être « accordiste »… alors, oui, je consens à l’être, et je plains ceux qui ne le sont pas. Mais avouez que le mot est vraiment mal choisi.