5 mars 2011

[summorum-pontificum.fr] L’abbé Laguérie s’interroge sur le « tournant »

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 5 mars 2011

Sur son blog, le supérieur de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP), l’abbé Philippe Laguérie propose un long texte, bien dans sa manière, sur trois sujets importants : la béatification de Jean-Paul II, le décret d’application du Motu Proprio et Assise III. Au-delà de ces trois questions, la thèse principale de ce post est de réfuter l’idée d’un « tournant » dans le pontificat actuel et de réaffirmer que nous sommes toujours en pleine crise de l’Église. Mais évoquons d’abord les points abordés, avec sa verve habituelle, par le supérieur de l’IBP, étant évident, bien entendu, qu’il convient d’aller lire dans son ensemble l’argumentation développée (ICI). 
Assise III
On peut bien trouver mille opportunités et devoir prendre mille précautions : les risques de syncrétisme, de relativisme et de scandale sont inéluctables parce que consubstantiels à ce genre de rassemblements. Le lieu-tenant de Jésus-Christ sur terre se met lui-même, et l’Eglise qu’il gouverne, au niveau des sectes diaboliques ou des religions qui refusent le Représenté ou encore le représentant lui même. La caractéristique de la religion du Christ, depuis les apôtres, c’est son auto-revendication comme détenant la vérité que les autres n’ont pas. Les autres peuvent avoir « des vérités » (quelque semence du Verbe, justement) mais non point La Vérité, parce que l’unique vérité catholique c’est le Christ Lui-même.
L’instruction sur le Motu Proprio
Vous me permettrez simplement d’attendre le document pour en juger. Et je vous prie d’en faire autant, sauf à vouloir nous couvrir de ridicule. Les madames soleil improvisées, les caïds du lendemain et les diseuses de bonne aventure n’ont pas grand-chose à faire sous le ciel de l’Eglise. Surtout pas de sommer les gens normaux d’avoir à prendre position sur leurs fantasmes élucubratoires. Le Motu proprio, malgré ses limites, a été une divine surprise et vous feriez mieux de prier pour en obtenir une autre que de fouiner les viscères.
La béatification de Jean-Paul II
Quant au premier, je vous dis simplement que je serai très heureux de savoir le pape Jean-Paul II au ciel. Si vous le souhaitez en enfer, vous avez un sacré problème. Saint Vincent Ferrier, qui priait pour le salut de…Lucifer, était plus chrétien que vous. Je vous rappelle que la béatification d’une personne ne dit que cela et même sans aucune garantie d’infaillibilité aux dires de l’ensemble des théologiens catholiques. La béatification n’est pas de ce domaine puisqu’elle ne dit rien quant à la Foi ou les mœurs (Pas même de manière connexe). (…)Allez, soyons francs. J’aurais bien aimé qu’on fasse passer le pape Pie XII avec Jean-Paul II comme on a fait passer Pie IX avec Jean XXIII. Mais c’est quitter la théologique, domaine du vrai, pour celui de la politique, domaine de l’inavouable…
Sur les informations concernant le décret d’application du motu proprio, sujet qui intéresse ce blog, que l’abbé Laguérie n’y croit pas n’a que peu d’importance. Mais il n’est pas très difficile de vérifier ces informations, pour qui le veut et notamment pour un supérieur de communauté,  dès lors que l’on va à Rome et que l’on pose les questions aux personnes qui sont là pour vous renseigner. Mais l’important n’est pas là. L’important se trouve finalement dans la conclusion de ce post et tient en un mot : « tournant ».
Je veux bien négocier tous les tournants que vous voulez, dès lors que vous m’aurez convaincu qu’il y a bien un tournant. Ce qui supposerait que nous fussions en pleine ligne droite, n’est-ce pas ? Je conclurais plutôt qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, sauf à dire que, depuis le pontificat de Benoît XVI, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Allons donc, comme dit l’autre, ça se saurait.
C’est certainement un hasard, mais ce mot de « tournant » fut celui qu’employa récemment l’abbé de Tanoüarn concernant le pontificat de Benoît XVI. On en trouve trace sur le Metablog, en date du 8 février dernier. Ce fut le titre d’une conférence qu’il donna au Centre Saint-Paul, le même jour. Du coup, les propos de l’abbé Laguérie apparaissent comme une réponse à l’abbé de Tanoüarn. Et l’on se prend à penser que dans un même institut le mieux serait de se parler plutôt que de se répondre par blog interposé. À moins qu’il y ait un vrai tournant au sein de l’IBP ?