1 février 2011

[Christian d’Hauterives - Fideliter] Camps de cadres - Les chefs de demain ont désormais une école

SOURCE - Christian d’Hauterives - Fideliter - mis en ligne par La Porte Latine - janvier-février 2011

Le deuxième camp de cadres du district de France a eu lieu cet été. Dans une atmosphère sympathique, il aide les jeunes gens à devenir des hommes et des chrétiens solides, futurs responsables dont nous avons tant besoin.
Plus que jamais notre monde a besoin de chefs animés d’un idéal solide, bénéficiant de savoir-faire reconnus et motivés pour s’investir, malgré l’adversité, dans l’amélioration de la cité. Des pans entiers de notre société attendent une nouvelle génération capable d’oeuvrer à sa reconstruction sur des bases plus saines. Rénovation de la politique, conversion des païens, évangélisation des banlieues, restauration de la morale, éducation des laissés pour compte, assistance envers ceux qui souffrent, formation d’une élite, sont autant de chantiers d’envergure pour lesquels la jeunesse catholique doit servir de levain.
Or nos jeunes hésitent à s’engager dans le monde d’aujourd’hui, ils ont souvent peur de la société actuelle. Si leurs frayeurs peuvent, en première approche, paraître compréhensibles, il s’agit pourtant d’une attitude « négative », peu conforme à l’idéal chrétien. Cet état d’esprit craintif justifie trop souvent un repli sur soi égoïste, au sein d’un milieu préservé, confortable mais coupé des réalités et parfaitement stérile. Parfois, cette crainte d’affronter les réalités entraîne même certains dans une fuite en avant à la recherche de la facilité où la vie n’est appréhendée que dans son immédiateté, comme un jeu.
Pourtant, nos jeunes ne sont pas moins bons que leurs aînés et ce n’est probablement pas la générosité qui manque à la nouvelle génération. Il faut donc se demander si ce peu d’attrait pour l’action et le manque de constance dans l’engagement ne seraient pas le résultat d’une crainte excessive du monde, d’un esprit principalement défensif qui a désarmé nos jeunes en semant dans leur esprit les graines perverses de l’inquiétude ?
Dès le plus jeune âge, notre mode de vie est imprégné par la société de consommation et la recherche du confort ; les épreuves sont écartées ou occultées. Nos jeunes, vivant souvent en vase clos, sont peut-être, malgré nous, encore plus sensibles à ce phénomène que d’autres. Le service national, tant décrié, ne constituait- il pas l’occasion d’être confronté à une vie plus spartiate, une opportunité de brassage social, une période d’ouverture forcée à la réalité qui facilitait le passage à l’âge adulte ?
Devant ce constat partagé par beaucoup, il semblait opportun et nécessaire que la « Tradition » s’engageât pour mieux motiver les jeunes à l’entrée du monde adulte. Au-delà de l’intelligence, il s’agit de forger des hommes, aptes aux responsabilités, capables de prendre le risque de l’engagement et suffisamment solides pour s’y tenir dans l’adversité. 
Une école de dépassement de soi
Sous l’impulsion de M. l’abbé Régis de Cacqueray et fort du soutien de Mgr Bernard Fellay, le district de France, avec l’aide d’un groupe de laïcs, a conçu un camp de cadres, complémentaire des écoles et des différents mouvements, dont les objectifs et les activités se différencient nettement des camps déjà existants. La formation dispensée s’articule autour de quatre axes fondamentaux.
Sur le plan physique, les activités les plus variées se succèdent sur plusieurs semaines : initiation au sport de contact pour apprendre la combativité ; spéléologie, accro-branches et escalade pour la maîtrise de soi ; raids et bivouacs pour la rusticité ; marche et exercice de nuit pour vaincre la fatigue.
Si les activités sont à la portée de tous, le niveau est suffisamment élevé et le rythme intense pour que chacun ait l’occasion de se dépasser. L’objectif n’est pas de développer une aptitude physique ou sportive particulière mais d’apprendre à repousser ses limites et à supporter les difficultés. Au-delà de l’effort, l’oubli de soi est recherché. Il s’agit d’endurcir les corps et les volontés.
Amour des hommes en déshérence et soif d’action.
En premier lieu, il importe d’ouvrir les yeux sur les aspects déstructurés de notre société. La présentation des problèmes sociaux permet d’en découvrir la face cachée et de réfléchir sur les remèdes.
Experts et témoins sensibilisent nos jeunes à travers des échanges approfondis sans aucun tabou. Ainsi sont abordés les sujets sensibles : banlieues, drogue, moeurs, bioéthique, satanisme, islamisme, racisme… À titre d’exemple, différents mouvements viennent témoigner de leur engagement et présentent leurs actions : Civitas jeunes, MJCF, Rosa Mystica, SOS Maman, Chevaliers de Notre Dame.
Les fondements de l’engagement dans la cité sont aussi abordés avec l’étude et la restitution par les jeunes d’un ouvrage qui permet non seulement de susciter l’intérêt pour la formation doctrinale mais aussi de découvrir les clés de l’organisation d’un cercle d’étude.
Autorité et vie intérieure
Chaque jour, y compris sur le terrain, une facette de l’autorité est présentée. Tout au long du camp est développée la méthodologie de l’action, depuis l’analyse de la problématique, à l’expression des consignes, en passant par la concertation et la prise de décision. De même, une réflexion de fond est initiée sur la nature et les formes d’autorité, sur les limites et le bien fondé de l’esprit de discipline. Un module pratique de haut niveau permet pendant deux jours, à travers des exercices nombreux et des mises en situation variées, d’être confronté aux différents aspects du commandement et de l’organisation d’une action. Enfin, tout au long du camp, les jeunes se relaient pour tenir des postes de chef d’équipe, guidés mais aussi appréciés et instruits, au fur et à mesure, par l’encadrement. En complément, une formation à la communication les ouvre au monde des médias et les forme aux techniques d’expression orale.
« Âme de tout apostolat », le domaine spirituel est favorisé tout au long du camp. La présence permanente des aumôniers permet une direction personnalisée. L’accent est mis sur la pratique des différentes formes d’oraisons possibles, au coeur d’une vie d’action souvent dense et fatigante.
L’endurcissement personnel pour fortifier la nature, la connaissance de la société avec ses aspects déstructurés afin de faire grandir le désir d’engagement, l’apprentissage de l’action pour développer les aptitudes au commandement, le couronnement de l’ensemble par une vie spirituelle profonde, constituent les défis relevés par le camp de cadres.
Une pédagogie adaptée
Développer l’harmonie entre le corps et l’âme, l’intelligence et la volonté, pour obtenir une personnalité équilibrée, nécessite une démarche pédagogique adaptée. Cette approche spécifique, qui ne s’apparente ni à l’école classique, ni aux stages de formation habituels, est validée aujourd’hui par les succès obtenus lors des deux premiers camps.
Il ne s’agit pas d’un camp destiné à apprendre ou convaincre, mais davantage d’un camp de réflexion où le jeune, acteur principal de sa formation, s’investit personnellement pour approfondir ses propres convictions et, in fine, prendre des résolutions concrètes afin de construire sa vie d’homme.
Les séances d’instruction académique sont évitées ou réduites au strict minimum pour laisser la place à un enseignement moins formel, sur le terrain, à base de cas concrets, d’exercices pratiques et de conseils personnalisés.
Dans tous les domaines, mais en particulier sur le plan physique, la progressivité est la règle pour amener la totalité des jeunes le plus loin possible. L’investissement permanent de l’encadrement permet de guider et d’accompagner ceux qui en éprouvent le besoin sans baisser le niveau d’exigence.
Responsabilité et confiance en soi
Dans toutes les activités, la responsabilisation des jeunes est la norme. Ils sont dès que possible mis en situation de commandement comme chef d’équipe, responsable d’activité. L’encadrement s’efface progressivement pour laisser faire en guidant et contrôlant.
Quelle que soit la difficulté des exercices, la réussite est recherchée pour terminer toujours sur du « positif », si besoin en prenant du temps ou en rejouant les phases indispensables. La mise en confiance est au coeur du camp, sans que soit écartée d’ailleurs la critique constructive. Ainsi, le jeune prend progressivement conscience qu’il peut réussir, qu’il est capable d’agir, qu’il est apte à devenir un chef.
Au-delà du savoir, il s’agit de développer le savoir-faire et le savoir être, c’est-à-dire les convictions et les aptitudes profondes. Grâce à cette pédagogie originale, nos jeunes chefs apprennent avec bonheur à se faire violence pour entreprendre, à souffrir pour réussir, à sacrifier le sommeil pour répondre présent, à se dépasser même lorsqu’ils auraient des raisons d’abandonner.
Un bilan prometteur
En juillet 2010, cette école de dépassement de soi, s’adressant à des jeunes gens de 18 à 25 ans, a eu lieu dans la région de Montréal-de-l’Aude. Pour la 2ème édition, elle a rencontré, une nouvelle fois, un plein succès, confirmant la validité des axes pédagogiques retenus.
À la fin du camp, après un raid difficile qui les a menés sur le sommet des Pyrénées-Orientales et avant l’envoi en mission prononcé par le supérieur du district, chaque jeune a bénéficié d’un double débriefing individualisé. D’abord au « naturel », un entretien, conduit par la direction du camp, a permis de faire le point de leurs atouts pour identifier des résolutions concrètes d’engagement. Puis, pour le « for interne », une direction personnalisée par l’un des aumôniers est l’occasion pour chaque jeune de construire sa vie spirituelle en adulte.
Des jeunes enthousiastes
Venus d’horizon divers, sans toujours être initialement très motivés, les jeunes ayant suivi le camp 2010 sont repartis enthousiasmés. Impressionnés par le niveau de la formation et par la qualité des intervenants, ils se considèrent mieux armés pour s’engager dans l’action. Ils ont surtout le désir d’apporter leur contribution au service des autres.
La « Tradition » dispose maintenant d’une véritable école de chefs qui pourra profiter à tous les mouvements, mais aussi à chacun des prieurés. Le camp de cadres constitue un creuset en mesure de forger une génération de jeunes motivés, prêts moralement et pratiquement à s’engager dans la vie. Il importe que les parents, les éducateurs, les prêtres motivent les jeunes pour suivre cette formation. Il ne s’agit pas en effet d’un camp ludique et des hésitations devant l’exigence attendue sont compréhensibles.
Une impulsion décisive
Le concept du camp de cadres paraîtra certainement ambitieux, le bilan pourrait même sembler prétentieux. De fait, on ne change pas une éducation ou une personnalité en quelques semaines. Mais dans la période charnière entre le système scolaire et la vie d’adulte, des orientations prises peuvent conditionner toute l’existence. À l’instar d’une retraite, le camp donne à nos jeunes une impulsion décisive pour orienter leur vie d’homme en adultes responsables, engagés dans la cité, au service des autres et de l’Église.
Si les résultats sont déjà prometteurs, il faudra néanmoins prolonger l’action bénéfique du camp en aidant nos jeunes à utiliser les compétences acquises, en encourageant les volontés, en confiant des responsabilités plus importantes à la jeune génération…
Pour conclure, nous sommes tous destinés à tenir la place de chef, chacun à son niveau, ne serait-ce que celle de chef de famille. Tous, nous avons comme devoir impérieux de nous investir dans la ré-évangélisation de notre société, chacun dans son domaine.
« Pour venir à bout des choses, le premier pas est de les croire possibles » estimait Louis XIV, tel est l’esprit du camp, avec pour programme l’adage « croire et vouloir, c’est pouvoir ».
À l’instar de sainte Jeanne d’Arc qui, lorsque tout semblait s’écrouler autour d’elle et alors que rien ne la prédestinait à relever la société, est devenue chef de guerre et âme de la restauration du royaume, nous devons et nous pouvons nous aussi relever le défi d’aujourd’hui et engager notre jeunesse dans l’action de reconquête.
Par conséquent, rendez-vous est donné au plus grand nombre pour le camp de cadres 2011 qui se déroulera l’été prochain, du 15 au 31 juillet dans la région de Carcassonne.
Christian d’Hauterives
Extrait de Fideliter n° 199 de janvier-février 2011

3ème camp de cadres :
du 15 au 31 juillet 2011
Pour des jeunes désireux d’agir et de prendre des responsabilités dans le grand combat de la Tradition. Apprenez à être un chef.
Pour vous inscrire
Adresse email : campdecadres@yahoo.fr
Téléphones :02 98 37 99 61 / 06 69 98 05 29