31 octobre 2006

Le trouble des évêques de l'Est
31 octobre 2006 - Article de L'Est Républicain
Le trouble des évêques de l'Est Ils font part de leur inquiétude face à la main tendue du pape aux prêtres intégristes.
BESANÇON. La création récente dans l'archidiocèse de Bordeaux de l'institut pontifical du Bon Pasteur inquiète visiblement nombre de fidèles, prêtres et évêques de France. On le sait, cet institut doit recevoir des prêtres intégristes à qui le pape Benoît XVI a récemment tendu la main pour les faire revenir dans le giron de l'Eglise. « Ces prêtres ne peuvent venir dans un diocèse sans l'accord de l'évêque des lieux, il n'est pas dans mon intention d'en accueilir, on ne peut rayer d'un trait le concile Vatican II », confiait récemment Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon.
Cette inquiétude, les six évêques de la province ecclesiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et Metz ont décidé de la relayer à Lons-le-Saunier et d'en faire part directement au Saint-Siège. Face à « l'éventualité de la publication d'un Motu proprio du pape généralisant l'usage du rite tridentin pour la célébration de la messe », les évêques réagissent donc. Ensemble, les évêques, Mgrs Lacrampe de Besançon, Claude Schockert de Belfort-Montbéliard, Jean-Louis Papin de Nancy et Toul, Jean Legrez de Saint-Claude, Jean-Paul Mathieu Saint-Dié, François Maupu de Verdun, Joseph Doré, Christian Kratz et Jean-Pierre Grallet administrateur apostolique et évêques auxiliaires de Strasbourg, Pierre Raffin de Metz, se disent d'autant plus « soucieux du bien commun et de l'unité de l'Eglise » que beaucoup de fidèles, diacres et prêtres de leurs diocèses respectifs sont troublés.
Ensemble, ils affirment : « Estimant que la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise, les évêques redoutent que la généralisation de l'usage du missel romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l'unité entre les prêtres autant qu'entre les fidèles ».
Groupe Jonas
Par ailleurs, le groupe de réflexion Jonas du diocèse de Besançon composé de prêtres et laïcs avec des responsabilités ecclésiales, réagit aussi. Il a adressé un point de vue au président de la conférence des évêques de France et au Nonce apostolique à Paris. Pour lui, une restauration du rite Saint-Pie V (messe en latin) serait une remise en cause de Vatican II : « Il faut accueillir avec charité ces prêtres traditionnalistes, nous dit-on. Pendant 40 ans, ces prêtres ont combattu avec des méthodes discutables les textes de Vatican II et les évêques, prêtres et fidèles qui ont accueilli ces textes. Il s'agirait donc d'accueillir ces prêtres alors qu'ils proclament haut et fort n'avoir fait aucune concession et ne vouloir en faire aucune ».
Bref, les signataires attendent au moins une volonté réciproque de réconciliation. Ils rappellent que les tradis refusent bien des pans de Vatican II, ainsi « la liberté religieuse, l'engagement oecuménique, le dialogue inter-religieux ».
Enfin, pour eux, « demander au président de la conférence épiscopale de France d'appliquer la décision unilatérale de Rome semble une marque de mépris voire de négation de la collégialité » justement affirmée par Vatican II.
Y.A.
L’Homme Nouveau soutient Benoît XVI
31 octobre 2006 - Communiqué du journal l'Homme Nouveau
L’Homme Nouveau soutient Benoît XVI Tandis que certains évêques français s’opposent publiquement aux mesures que pourrait prendre le pape en faveur de la liberté liturgique et de la réconciliation avec les traditionalistes, le journal L’Homme Nouveau lance un appel à soutenir Benoît XVI.
Déjà plusieurs centaines de prêtres et de laïcs ont exprimé leur appui au « combat courageux et tenace » que mène Benoît XVI pour « annoncer le Règne du Christ dans une société ravagée par le relativisme éthique, le sécularisme et le nihilisme », pour « affirmer l’alliance intime de la foi et de la raison face aux idéologies du pouvoir et de la violence » et « pour rendre au culte de Dieu sa dignité et sa beauté et reconnaître une juste liberté liturgique ».
Un blog a été spécialement créé pour recueillir une partie des signatures (http://soutenonslepape.hautetfort.com). En outre, pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent écrire directement au journal, qui recueillera les messages pour les remettre au Nonce (adresse postale ou contact@hommenouveau.fr).
« Un vent mauvais de fronde néogallicane souffle sur l’Eglise de France », remarque L’Homme Nouveau dans son édition du 4 novembre, qui dénonce les « crispations franco-françaises » d’une « génération qui s’efface ». Le journal, qui fêtera ses 60 ans en décembre, a été fidèle à tous les papes, de Pie XII à Benoît XVI. En 2001, le cardinal Ratzinger avait préfacé L’Enquête sur l’Esprit de la liturgie, réalisée par L’Homme Nouveau.

Texte de l’appel
« Très Saint-Père,
En communion de foi, d’espérance et de charité, nous, catholiques de France, tenons à vous exprimer notre profond attachement filial. Nous voulons vous dire notre soutien résolu au combat courageux et tenace que vous menez pour annoncer le Règne du Christ dans une société ravagée par le relativisme éthique, le sécularisme et le nihilisme. Nous sommes derrière vous pour affirmer l’alliance intime de la foi et de la raison face aux idéologies du pouvoir et de la violence. Nous attendons, sereins et patients, les mesures que vous prendrez pour rendre au culte de Dieu sa dignité et sa beauté et reconnaître une juste liberté liturgique. Nous savons que vous ne vous laisserez pas impressionner par les pressions de certains de nos frères, pasteurs ou laïcs, qui se crispent sur des pratiques qui ont contribué à l’assèchement des âmes et à la crise des vocations. Lors de votre élection, vous nous avez demandé de prier pour que vous ne vous dérobiez pas, par peur, devant les loups. Soyez donc assurés de notre prière fervente à toutes vos intentions. Nous avons l’honneur d’être avec le plus profond respect, de Votre Sainteté, les très humbles et dévoués serviteurs. »
La pétition des jeunes prêtres
31 octobre 2006 - Article de L'Est Républicain
La pétition des jeunes prêtres Une cinquantaine d'entre eux ont déjà signé un texte, qui circule par internet, adressé aux évêques et au nonce apostolique.
NANCY  Ils ont tous moins de quinze ans de prêtrise. Donc moins de quarante ans. Ils représentent l'avenir et un avenir où le nombre de clercs aura fondu. De la messe Pie V, ils ne veulent pas et ils l'ont fait savoir dans un court document daté du 18 octobre et adressé « à nos évêques, au président de la Conférence épiscopale de France et au Nonce apostolique à Paris ».
« Nous affirmons notre attachement au rituel de Paul VI. Depuis notre baptême, il nous accompagne dans notre progression de foi et dans notre quête de Dieu », écrivent des dizaines de signataires de la France entière, dont les rangs grossissent chaque jour grâce à internet. Ils poursuivent : « A l'aise avec l'esprit de notre temps, nous avons choisi d'être des témoins d'Evangile en tant que prêtres et nous avons reconnu dans la vie de l'Eglise un équilibre entre la fidélité au Christ et l'actualité du monde. Prendre le risque de rompre cet équilibre par la décision symbolique de proposer un retour à un ancien rite est de nature à nous déstabiliser et à menacer l'unité du groupe de jeunes prêtres aux sensibilités déjà bien diverses ».
Ils concluent sévèrement à l'égard du pape : « Nous ressentons comme un besoin plus urgent de recevoir de Benoît XVI des signes d'encouragement à nous insérer dans le monde tel qu'il est pour y porter le témoignage d'une vie authentiquement chrétienne plutôt qu'à nous replonger dans une vie liturgique d'un autre âge ».
Soutien de l'archevêque
Pour Pierre Guerigen de Thionville (Moselle) « à Rome, on n'a pas mesuré que derrière la question liturgique, il y a la volonté de tirer un trait sur le concile Vatican II. Notre texte reflète le trouble sans être une pétition revendicative».
Alors que Michel Sebald de Toul (Meurthe-et-Moselle) s'en tient à la lettre sans autre commentaire, le Bisontin Eric Brocard, qui a reçu le soutien de son archevêque, Mgr André Lacrampe, estime que « ce souhait de Benoît XVI de se raccommoder avec les intégristes risque de provoquer une scission non une réconciliation ». Pour lui, le bi-ritualisme est « dangereux », parce que « derrière la liturgie se cache une théologie : se retrouver face au tabernacle, réceptacle de Dieu, a une autre signification que de retrouver face au peuple ».
Ce jeune prêtre aime « l'esprit du concile » et se refuse à « devenir adepte d'une théologie de l'expiation », préférant « une théologie du don de soi ». Pour Eric Brocard, à l'évidence, « la liturgie, ce n'est pas seulement une guerre de sensibilité ».
P.P
Le trouble des évêques de l'Est Ils font part de leur inquiétude face à la main tendue du pape aux prêtres intégristes.
BESANÇON. La création récente dans l'archidiocèse de Bordeaux de l'institut pontifical du Bon Pasteur inquiète visiblement nombre de fidèles, prêtres et évêques de France. On le sait, cet institut doit recevoir des prêtres intégristes à qui le pape Benoît XVI a récemment tendu la main pour les faire revenir dans le giron de l'Eglise. « Ces prêtres ne peuvent venir dans un diocèse sans l'accord de l'évêque des lieux, il n'est pas dans mon intention d'en accueilir, on ne peut rayer d'un trait le concile Vatican II », confiait récemment Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon.
Cette inquiétude, les six évêques de la province ecclesiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et Metz ont décidé de la relayer à Lons-le-Saunier et d'en faire part directement au Saint-Siège. Face à « l'éventualité de la publication d'un Motu proprio du pape généralisant l'usage du rite tridentin pour la célébration de la messe », les évêques réagissent donc. Ensemble, les évêques, Mgrs Lacrampe de Besançon, Claude Schockert de Belfort-Montbéliard, Jean-Louis Papin de Nancy et Toul, Jean Legrez de Saint-Claude, Jean-Paul Mathieu Saint-Dié, François Maupu de Verdun, Joseph Doré, Christian Kratz et Jean-Pierre Grallet administrateur apostolique et évêques auxiliaires de Strasbourg, Pierre Raffin de Metz, se disent d'autant plus « soucieux du bien commun et de l'unité de l'Eglise » que beaucoup de fidèles, diacres et prêtres de leurs diocèses respectifs sont troublés.
Ensemble, ils affirment : « Estimant que la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise, les évêques redoutent que la généralisation de l'usage du missel romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l'unité entre les prêtres autant qu'entre les fidèles ».
Groupe Jonas
Par ailleurs, le groupe de réflexion Jonas du diocèse de Besançon composé de prêtres et laïcs avec des responsabilités ecclésiales, réagit aussi. Il a adressé un point de vue au président de la conférence des évêques de France et au Nonce apostolique à Paris. Pour lui, une restauration du rite Saint-Pie V (messe en latin) serait une remise en cause de Vatican II : « Il faut accueillir avec charité ces prêtres traditionnalistes, nous dit-on. Pendant 40 ans, ces prêtres ont combattu avec des méthodes discutables les textes de Vatican II et les évêques, prêtres et fidèles qui ont accueilli ces textes. Il s'agirait donc d'accueillir ces prêtres alors qu'ils proclament haut et fort n'avoir fait aucune concession et ne vouloir en faire aucune ».
Bref, les signataires attendent au moins une volonté réciproque de réconciliation. Ils rappellent que les tradis refusent bien des pans de Vatican II, ainsi « la liberté religieuse, l'engagement oecuménique, le dialogue inter-religieux ».
Enfin, pour eux, « demander au président de la conférence épiscopale de France d'appliquer la décision unilatérale de Rome semble une marque de mépris voire de négation de la collégialité » justement affirmée par Vatican II.
Y.A.
Remous autour de la messe en latin
31 octobre 2006 - Article de L'Est Républicain - Patrick Perotto
Remous autour de la messe en latin Depuis l'annonce de la réintégration de l'abbé Laguérie et d'un décret du Vatican réhabilitant l'ancienne liturgie, le monde catholique français est en ébullition.
NANCY. _ La prise de position sans équivoque des évêques de l'Est hier reste la plus forte de toutes celles qui ont été rendues publiques depuis l'annonce en septembre du retour de l'abbé Laguérie, l'ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, le fief des intégristes, et de la création à Bordeaux de l'Institut du Bon pasteur, chargé d'accueillir les prêtres pas si repentis que cela. De plus, en décembre, le Vatican a l'intention de publier un motu proprio, un décret, autorisant à nouveau dans toutes les paroisses la messe selon le rite Saint-Pie V, seulement célébrée aujourd'hui avec un indult, une autorisation spéciale, de l'évêque dans une seule église par diocèse.
Très vite, le cardinal Ricard, président de la conférence épiscopale et archevêque de Bordeaux a demandé des explications au Vatican. Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, a quasiment tapé du poing sur la table tout comme celui de Lille, puis les évêques de Normandie et même jusqu'à Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris qui a appelé à l'unité liturgique la semaine dernière, se sont insurgés contre le retour de la messe en latin du rite du concile de Trente, à la fin du XVIe siècle après la Réforme. Parce qu'on l'oublie trop souvent, il existe aussi une messe en latin dans le rite Paul VI.
« L'unité de l'Eglise »
Derrière le rite, en effet, se cachent des enjeux autrement plus conséquents. Dans un sermon prononcé le 10 septembre à l'église Saint-Eloi à Bordeaux, l'abbé Laguérie n'a pas caché ses intentions : en finir avec le concile Vatican II. Autrement dit, il souhaite le retour à l'ancien rite qui développe une vision sacrificielle de la messe et non pas une théologie de la communion et telle qu'on la pratique aujourd'hui, mais s'oppose aussi à l'oecuménisme avec les protestants et les orthodoxes, au dialogue inter-religieux avec les religions non chrétiennes, ainsi qu'à la liberté religieuse. Avant le concile, la Vérité ne pouvait être que catholique !
La semaine dernière, Mgr Ricard et Mgr Vingt-Trois se sont rendus au Vatican pour faire part des remous provoqués par les décisions du Vatican. L'abbé Lagueyrie doit y aller, à son tour, dans les prochains jours. A Rome, l'Eglise de France est encore regardée avec méfiance : c'est dans notre pays qu'il y eut le plus d'expérimentations liturgiques, pas toujours heureuses, dans les années 70, sans compter une tradition de contestation qui a connu son apogée avec l'affaire Gaillot.
L'enjeu a été défini par Mgr Pierre Raffin de Metz dans un texte de la revue d'éthique et de théologie morale : « Si elle devait s'installer durablement, cette coexistence (entre le rite Paul VI et le rite Pie V) finirait par nuire à l'unité de l'Eglise catholique ».
Patrick PEROTTO
Reportage de France 2 -
(Télématin du 31/10/2006) Script de l'interview de l'envoyé spécial à Rome Gérard Grizbec, par le présentateur Thierry Beccaro
Mise en ligne par le Forum Catholique
THIERRY BECCARO
Gérard, vous m’entendez ?

GERARD GRIZBEC
Oui bonjour Thierry, bonjour à tous !

THIERRY BECCARO
Derrière vous, il y a le Vatican et le bruit court au Vatican, Gérard, il y aurait semble-t-il un retour en grâce de la messe en latin. Le Pape pourrait signer prochainement un décret qui irait dans ce sens.

GERARD GRIZBEC
Oui c’est vrai vous savez, ici, il y a toute une série de révélations dans la presse italienne en particulier. On nous dit que d’ici quelques semaines, peut-être d’ici quelques mois mais pas plus, le Pape pourrait revenir sur cette messe en latin. Cela veut dire revenir d’une certaine façon à la conception qu’a eu l’Eglise de Vatican II. Vous savez, Vatican II, ici, ça a été un concile il y a un peu plus de 40 ans entre 1962 et 1965, initié par le Pape Jean XXIII, poursuivi par le Pape Paul VI, ça a été une véritable révolution dans l’Eglise. On a rompu à la fois sur des vieilles idées antisémites qui ont poursuivi l’Eglise pendant plusieurs siècles, où le peuple juif était considéré comme ayant tué le Christ et étant un peuple déicide. On a rompu avec ça sur le fond, on a rompu aussi sur la forme, sur la liturgie, sur l’organisation même de la messe. La messe était en latin, eh bien la messe est devenue dans la langue du pays et en France c’est comme ça depuis un peu plus de 40 ans, la messe est dite en français. Et puis on a rompu aussi sur l’organisation même de cette messe puisque le prêtre avant était le dos aux fidèles, eh bien depuis Vatican II le prêtre est face aux fidèles, est avec les fidèles, plus proches des fidèles dans l’Eglise au moment de la messe. On ne sait pas exactement ce qu’il y aura dans ce texte qu’on attend de la part de Benoît XVI mais ce qui est vrai c’est que maintenant il y a tout un débat ici, il y a beaucoup de rumeurs et on est allé voir quelqu’un qui connaît bien tout cela, c’est un Suisse, c’est un Cardinal Suisse, le Cardinal Cottier. Il a été le théologien de Jean-Paul II, on est allé le voir pour lui demander justement ce que ça peut changer. Je vous propose de l’écouter.

CARDINAL COTTIER
Finalement le responsable dans chaque diocèse, c’est l’évêque. Alors si on permettait, comme certains l’ont dit à des groupes de laïques, d’une manière autonome par rapport à l’évêque de décider oui ou non la messe en latin, ça serait par rapport à la notion même de l’Eglise et de la centralité de l’Évêque, ça ne serait pas juste, oui. Mais je ne pense pas que ça se passera de cette façon-là.

JOURNALISTE
Est-ce qu’on peut dire, finalement, qu’on aura la messe à la carte ?

CARDINAL COTTIER
C’est surtout ce qu’il faut éviter parce qu’à ce moment là la liturgie c’est la prière de l’Eglise et l’Eglise est une communion, si j’ai la messe à la carte, je cherche mon intérêt personnel, c’est du subjectivisme, et c’est ça qu’il faut absolument éviter. Et puis pour quel motif on va demander la messe en latin ? Pour des motifs esthétiques, pour des motifs de réminiscence qui vont disparaître de plus en plus parce que les gens qui ont connu la messe de Pie V, ce sont des gens de ma génération. Nous sommes en voie d’extinction si je peux dire, enfin par rapport à cette terre.

THIERRY BECCARO
Alors, Gérard, autre bruit qui court juste derrière vous, il semblerait que le Pape opère un rapprochement avec le courant intégriste de l’Eglise qui, semble-t-il ferait grincer des dents ici en France.

GERARD GRIZBEC
Oui c’est vrai parce qu’en réalité c’est un peu la même question. La messe en latin est maintenant remise au goût du jour alors même que les traditionalistes, toute une partie de l’Eglise qui était partie avec Monseigneur Lefebvre en 1970 qui a été excommunié lui et tout son courant de l’Eglise en 1988 par Jean-Paul II, eh bien maintenant il y a un rapprochement avec ces traditionalistes alors évidemment, eux veulent revenir à l’avant Vatican II et maintenant on risque de se retrouver dans une situation où on aura les deux messes, c’est ce que nous disait tout à l’heure le Cardinal Cottier, c'est-à-dire qu’on ira à la messe à la carte. Si vous êtes plutôt proche du courant traditionaliste, eh bien vous irez à la messe en latin, dans cette église au bout de la rue. Et puis si vous êtes plutôt libéral, eh bien vous irez plutôt à la messe en français de l’autre côté de la rue, donc le risque pour l’Eglise et en particulier en France parce que ce courant traditionaliste existe surtout en France, eh bien le risque c’est une division de l’Eglise d’autant que tout ce courant traditionaliste est très lié à l’extrême droite française et donc évidemment on rentre en campagne électorale en France au printemps prochain, autant dire que pour l’Eglise française, on voit d’un œil très inquiet cette décision de Benoît XVI et on a peur que ça développe finalement une crise au sein de l’Eglise.

THIERRY BECCARO
Merci infiniment Gérard et à très très bientôt.

30 octobre 2006




Communiqué des évêques de la province ecclésiastique de Besançon et des évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz
30 octobre 2006
Communiqué des évêques de la province ecclésiastique de Besançon et des évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz

Réunis, le 25 octobre 2006 à Lons-le-Saunier, dans le cadre de l’Instance Régional Evêques Prêtres, les évêques de la Province ecclésiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz ont décidé de faire part au Saint-Siège de leurs inquiétudes suscitées par la création de l’Institut du Bon Pasteur, dans l’archidiocèse de Bordeaux, et l’éventualité de la publication d’un Motu proprio du Pape Benoît XVI généralisant l’usage du rite tridentin pour la célébration de la messe.
Les évêques, soucieux du bien commun et de l’unité de l’Eglise, ont pris cette initiative en raison du trouble ressenti par beaucoup de fidèles, de diacres et de prêtres de leurs diocèses respectifs.
Estimant que la liturgie est l’expression de la théologie de l’Eglise, les évêques redoutent que la généralisation de l’usage du Missel romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l’unité entre les prêtres, autant qu’entre les fidèles.
Depuis de nombreuses années d’importants efforts de formation liturgique ont été réalisés, les évêques s’en réjouissent et encouragent leurs diocésains à poursuivre le travail engagé.

Monseigneur André LACRAMPE, Archevêque de Besançon
Monseigneur Claude SCHOCKERT, Evêque Belfort-Montbéliard
Monseigneur Jean-Louis PAPIN, Evêque de Nancy et Toul
Monseigneur Jean LEGREZ, Evêque de Saint-Claude
Monseigneur Jean-Paul MATHIEU, Evêque de Saint-Dié
Monseigneur François MAUPU, Evêque de Verdun
Monseigneur Joseph DORE, Administrateur apostolique de Strasbourg
Monseigneur Christian KRATZ, Evêque auxiliaire de Strasbourg
Monseigneur Jean-Pierre GRALLET, Evêque auxiliaire de Strasbourg
Monseigneur Pierre RAFFIN, Evêque de Metz

29 octobre 2006

Les évêques condamnés !
par Justin Petipeu (2006-10-29) - Forum Catholique
La phrase capitale de ce texte est sans conteste : La célébration d'un jubilé comme celui-ci (...)nous offre aussi l'opportunité de mener une réflexion, en vue d'un réexamen des orientations.

Enfin ! Enfin nous pouvons entendre dans la bouche d'un prélat romain en charge de la liturgie : nous nous sommes trompés. Il faut changer.

Bien sûr celà est dit très pudiquement mais j'imagine que la vingtaine d'évêques français a bien compris le message...Surtout que le reste du discours ne consiste tout bonnement et tout simplement qu'en une magistrale condamnation de la politique religieuse, liturgique et pastorale menée par l'épiscopat français de puis quarante ans !!! Vous pouvez vérifier...Tout ce que dénonce le cardinal, c'est tout ce que les évêques ont fait ; tout ce qui est faux, ambigu, artificiel, bancal, dénaturé, équivoque, erroné, incongru, incorrect, inexact, infidèle, injuste, insensé, inventé, mensonger, partial, perfide et pour tout dire INACCEPTABLE.

Oui la liturgie en France depuis quarante ans a été détruite, quoi qu'en dise Mgr Le Gall. Oui elle est devenue la propriété d'instituts et d'équipes liturgiques qui ne furent et ne sont rien d'autres que des terroristes, se conduisant comme des commissaires politiques, imposant un modernisme furieux et débridé, traquant les prêtres qui ont le malheur de résister, quel que soit le niveau de résistance, d'ailleurs ! Oui les prêtres fidèles et ceux qui tentaient de sauver les meubles ont été persécutés par leurs propres évêques ou mis rapidement au placard...
Oui le cardinal Arinze a raison de mettre en garde les évêques de France contre leur tentative irresponsable de mettre en place une Eglise sans prêtres, sous prétexte de "remodelage" et au terme de synodes diocésains aussi bien organisés et prévisibles qu'un congrès du PCF, et où des "chrétiens en marche" confirment toujours et encore les susdites orientations qui précipitent l'Eglise de France vers une disparition pure et simple.

Une telle pensée n'est pas conforme avec la conception authentique de l'Eglise instituée parle Christ.

Allez-vous finalement obéir, Messeigneurs ???? Ou allez-vous continuer à "regrouper" les séminaires (traduisez : je supprime trois séminaires pour en faire un) et les paroisses (entre trois et vingt pour une), plutôt que de revoir vos trop fameuses orientations ?

Aujourd'hui, il se trouve que vous êtes publiquement désavoués par Rome et par le chef de l'Eglise catholique. Vous l'avez été le 22 décembre 2005 lorsque le pape Benoît XVI a cloué au pilori "l'esprit du Concile", concept foireux sorti tout droit de vos cerveaux modernistes pour démolir la "vieille" Eglise romaine que dans le fond, vous détestiez...(il suffit de lire le journal du concile de Congar pour s'en apercevoir à toutes les pages). Vous l'êtes aujourd'hui quand le cardinal condamne l'ensemble de vos pratiques liturgiques et pastorales, celles qu'en ce moment même encore vous mettez en place !!!

Il est grand temps de changer. Votre fuite en avant ne laisse derrière vous que ruines et dévastation. Votre haine des traditionalistes vous aveugle. Dans mon diocèse de Nantes, deux édifices religieux importants, en plein centre ville, la chapelle de la rue Mondésir et l'ancien centre des Jésuites -avec sa chapelle classée -de la rue Dugommier, ont été vendu pour faire des logements alors que la FSSPX cherche depuis des années une chapelle et des locaux à acheter...Vous mettez tout en oeuvre pour que celà ne se fasse pas. Tous les notaires et les agences sont tenus par votre clause d'obligation : qu'aucun culte non approuvé par le diocèse ne puisse y être célébré par la suite.
Vous préférez que ces églises soient détruites et/ou profanées.

C'est aussi un problème dont aurait pu parler le cardinal : la dilapidation du patrimoine chrétien qui s'annonce du fait de votre idéologie religieuse. Vous êtes indifférents aux conséquences de vos actes.

Il faut beaucoup prier afin que Rome aille suffisamment vite pour contrer vos agissements.

28 octobre 2006

Les dessous de la querelle liturgique
28 octobre 2006 - Christian Terras, Romano Libero - Golias - golias.ouvaton.org
Les dessous de la querelle liturgique Christian Terras, Romano Libero, 28 octobre 2006
La libéralisation de la messe de Saint Pie V relève de l’arbre qui cache la forêt. En effet, loin de se réduire à n’être qu’une banale querelle de lutrin, le conflit des rites engage, en profondeur, non seulement toute une vision de la messe mais encore toute une conception de Dieu et de l’homme, du rapport entre eux. Sur ce point là comme sur beaucoup d’autres, une question particulière, loin de relever purement et simplement du goût des uns et des autres, exprime à sa façon un enjeu très profond et véritablement décisif. On peut volontiers parler d’une conception d’ensemble du christianisme. En opposition frontale avec l’esprit de tolérance et de libéralisme des lumières.
IL faut se souvenir qu’au début, Mgr Marcel Lefebvre lui-même était résigné à accepter le nouveau rite, tout comme le cardinal Alfredo Ottaviani, qui au début avait exprimé ses réserves. C’est le philosophe Jean Madiran qui avait critiqué la nouvelle, Dom Guillou et quelques autres. Le contexte de l’opposition virulente n’a donc rien de purement secondaire. La messe ancienne sert de drapeau, de point de ralliement pour tous ceux qui refusent les idées acceptées au Concile. En outre, des nostalgies de type affectif ou esthétique ont pu alors conquérir des fidèles qui sur le fond étaient moins radicaux.
Il faut donc bien comprendre que le combat que nous menons ici n’est pas simplement lié au rite de Saint Pie V en lui-même. Après tout, chacun n’est-il pas libre de cultiver tel ou tel goût, telle ou telle préférence ? En leur temps, Yves Congar et Hans Küng se prononcèrent bien pour la libéralisation de la liturgie tridentine, non par attachement envers elle, mais pour être cohérent jusqu’au bout avec le libéralisme. Certes, la théologie de l’ancienne messe, ignorant l’assemblée et la dimension de repas nous semble-t-elle surannée et déséquilibrée. En même temps, c’est surtout l’ensemble d’une vision de Dieu et de l’homme sous-jacente à la revendication traditionaliste qui nous dérange profondément. Il s’agit bien de rester fidèle à l’élan imprimé par le Concile Vatican II. Comme le dit Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon : "Vatican II, c’est aussi la tradition, je ne veux pas faire l’économie de ce texte".
Autour de la liturgie se joue toute une vision des choses, très large. Comme le note, Jean Rigal, théologien : "la liturgie, outre le fait qu’elle touche au visuel, au sentiment, à l’habitude, engage aussi toute une conception de l’Église et des ministères. Cela ne veut évidemment pas dire la même chose si le prêtre seul fait les lectures bibliques ou si des laïcs le font aussi. Ce n’est pas non plus la même chose s’il n’y a que des hommes qui distribuent la communion ou s’il y a aussi des femmes. Voilà pourquoi les polémiques autour de la liturgie sont souvent bien plus profondes qu’elles n’en ont l’air".
Pour situer l’engagement de Golias dans cette affaire, il me semble judicieux de reprendre à notre compte les excellentes réflexions de catholiques bordelais ; "est-il besoin de le préciser, ce n’est pas la messe en latin qui nous importe. Cette pratique camoufle mal les visées politiques fondamentalistes de ce groupe. C’est bien contre les dangers de l’intégrisme - qu(il soit d’ailleurs catholique, juif, musulman ou autre - que nous nous levons (....)La Fraternité Saint Pie X, excommuniée par le Pape en 1988, se manifeste par un attachement à des valeurs antidémocratiques, par sa haine de la laïcité, des Droits de l’homme et par une vision archaïque de la société (homophobie, vision rétrograde du rôle des femmes, dressage éducatif, opposition à la contraception, etc...). Elle soutient les commandos IBG ainsi que des mouvements de jeunesse paramilitaires comme celui de l’abbé Cottard, reconnu coupable de la mort de 5 personnes en 1999".
Il y a certainement une réelle différence entre les revendications traditionalistes françaises et les revendications étrangères, par exemple américaines ou allemandes. Dans le premier cas, l’aspect philosophique et idéologique se double d’une dimension politique très extrémiste, souvent polémique. La situation de l’abbaye du Barroux est emblématique à cet égard. On se souvient des sympathies de Mgr Lefebvre et de ses épigones pour le front national, du soutien accordé à Paul Touvier, de la nostalgie du régime de Vichy. Cet aspect de la question ne saurait être occulté. L’idéologie intégriste consiste bel et bien en une mixte de conservatisme religieux et de fascisme. L’abbé Laguérie rendit un hommage très remarqué à Paul Touvier en l’Église Saint Nicolas du Chardonnet. Il suffit de se rendre à la sortie d’une messe en ce lieu redoutable de l’intégrisme catholique pour entendre les commentaires haineux des assistants contre les juifs ou les francs maçons. Le quotidien "Présent", fondé et toujours dirigé par Jean Madiran, un octogénaire toujours hargneux, juxtapose les positions traditionalistes en matière liturgique et les invectives homophobes. Certes, Rome a quelque excuse d’être moins sensible à la spécificité française. En même temps, des hommes comme Mgr Martin Viviès, le prélat français de la Congrégation du clergé qui a beaucoup suivi le dossier devrait être plus conscient des ambiguïtés d’un mouvement " d’abord politique" peut-être, pour évoquer un slogan de Charles Maurras.
Il nous parait donc essentiel, sans oublier de traiter de la question liturgique en tant que telle, de discerner les enjeux idéologiques, anthropologiques et politiques qui se cachent derrière elle. Ce jeudi 26 février s’ouvre un colloque de prestige à l’Institut catholique de Paris. Des vêpres solennelles présidées par le cardinal Francis Arinze marquent la première soirée avec un prélat en chape, une sacralité somptueuse et une bénédiction à l’ancienne, en latin. Nous voulons simplement noter là un fait facile à constater par tous : une sensibilité liturgique classique et traditionnelle peut sans difficulté trouver son compte dans l’Église dite conciliaire. La dissidence intégriste s’origine donc bien ailleurs : en une vision idéologique perverse du catholicisme, politisée. La pente naturellement intransigeante du catholicisme y est alors poussée jusqu’à l’extrême. C’est à la lumière de ces enjeux d’ensemble que nous pouvons mieux comprendre les tenants et les aboutissants d’une affaire qui n’a rien d’anecdotique. Au contraire. Le dossier qui va suivre entend toujours se référer à cet angle de vue général. Il comprendra les articles suivants :
* les critiques intégristes adressées à la nouvelle liturgie * l’indult : histoire d’une complaisance * le vrai visage de l’abbé Laguérie * réactions et silences en face d’une réconciliation bien douteuse ; * les intégristes et Paul Touvier ; * grandes tensions au sein de la famille traditionaliste ; la Fraternité Saint Pierre secouée

[Golias] Fronde

SOURCE - Golias - 28 octobre 2006

Fronde - Une trentaine de jeunes prêtres et plusieurs religieux qui entend cultiver l’esprit de Vatican II ont adressé le 18 octobre dernier aux évêques français et à Mgr Fortunato Baldelli, Nonce Apostolique, une pétition dans laquelle ils s’inquiètent de la libéralisation de la célébration de l’ancienne messe dite de Saint Pie V. Ils souhaiteraient plutôt de la part de Rome "des signes d’encouragement à nous insérer dans le monde tel qu’il est pour y porter le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, plus qu’à nous replonger dans une vie liturgique d’un autre âge".
La forme “ordinaire” et la forme “extraordinaire” du rite romain
par l’abbé Claude Barthe - present.fr - samedi 28 octobre 2006
Faut-il que la joie de la libéralisation annoncée de la messe tridentine soit ternie par les qualifications de « forme ordinaire » du rite romain, employée pour désigner la liturgie de Paul VI, et de « forme extraordinaire », pour qualifier la liturgie traditionnelle ? Passé un premier mouvement d’agacement, on conviendra que, somme toute, elles s’appliquent merveilleusement aux deux formes liturgiques. La liturgie nouvelle, en effet, est par essence ordinaire. Cela résume même avec beaucoup de justesse les reproches et critiques de fond que l’on peut lui adresser : elle est une liturgie de la banalité, ou pour mieux dire de la banalisation, une liturgie ordinaire, ou pour mieux dire de réduction à l’ordinaire. Les signes en sont multiples, l’élément le plus immédiatement sensible ayant été pour les fidèles du rang celui du retournement de l’autel, qui fait en sorte que la célébration des saints mystères se déroule désormais dans ce « face au peuple », dont la signification ne peut pas ne pas avoir une portée idéologique.
D’une manière plus générale, la nouvelle liturgie entre dans le projet d’une certaine acculturation moderne du christianisme. Or, cet accommodement partiel ne peut être neutre (à la différence de l’acculturation du christianisme dans la civilisation slave, par exemple), car il représente l’impossible gageure de christianiser une civilisation de masse, idéologiquement sécularisée, étrangère par essence à la culture qui faisait corps avec la culture chrétienne. Et sur cette pente de réduction à l’ordinaire, le nouveau rite de la messe, dans les innombrables variations de sa célébration, manifeste une immanentisation du message chrétien : la doctrine du sacrifice propitiatoire, l’adoration de la présence réelle du Christ, la spécificité du sacerdoce hiérarchique et généralement le caractère sacré de la célébration eucharistique s’y trouvent visiblement atténués. Extraordinaire est au contraire, et non moins essentiellement, la liturgie traditionnelle. Tout en elle est d’ordre ascendant : les gestes, les objets, les paroles, sont conçus pour arracher du profane, du banal, de l’ordinaire. Le culte divin en sa forme traditionnelle, avec toute l’esthétique ou toute la poétique liturgique qui l’enclôt, est destiné à disposer l’âme chrétienne à l’infusion du surnaturel, de l’extraordinaire, que les actes sacramentels procurent : il a un caractère « humiliant » qui procure la « glorification » du pécheur réconcilié, par le biais d’un rite qui, parce que « donné » et non pas « fabriqué », parce que porteur d’une symbolique longuement mûrie, a précisément cette vertu de retirer le chrétien du « monde », certes afin qu’il y retourne apostoliquement, mais une fois rendu libre spirituellement.
Cette liturgie est d’autant plus adaptée à la véritable libération du pécheur qu’elle est inadaptée au monde moderne en tant que moderne. Pour le dire autrement et plus généralement : dans un monde du tout technique, qui repose sur la désacralisation en même temps qu’il la provoque, la mise en oeuvre du sacré que représente la liturgie traditionnelle est toute à l’opposé de cette « ouverture au monde », au monde ordinaire, celui d’une société de masse, machine à étouffer la culture qui porte le sacré, et à étouffer le sacré lui-même.
Benoît XVI s'apprête à réhabiliter pleinement la messe en latin
28 octobre 2006 - ESM - eucharistiemisericor.free.fr
Benoît XVI s'apprête à réhabiliter pleinement la messe en latin
Entre recherche et pastorale, l'avenir des études liturgiques : du 26 au 28 octobre 2006, l'Institut Supérieur de Liturgie (ISL) organise un colloque international à l'occasion de son 50ème anniversaire.
Le 50e anniversaire de l’ISL méritait d’être salué par un colloque international, organisé sous le patronage de Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, Chancelier de l’Institut Catholique de Paris, de Mgr Robert Le Gall, Président de la Commission épiscopale de Liturgie et de M. Pierre Cahné, Recteur de l’Institut Catholique de Paris. Il sera honoré par une intervention du Cardinal F. Arinze, Préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, et par la présence de plusieurs archevêques, évêques et supérieurs religieux.
La fondation de l’ISL s’est faite au moment du Congrès international de Pastorale liturgique réuni à Assise du 18 au 24 septembre 1956 qui, dans le sillage de l’encyclique Mediator Dei de Pie XII, a inspiré le Mouvement Liturgique et préparé l’oeuvre de Vatican II. L’ISL fut donc dès le départ marqué par la relation entre recherche historique et théologique et souci des implications pastorales, deux dimensions fortement soulignées par la Constitution Sacrosanctum Concilium.
Le colloque s’inscrira dans cette tradition universitaire pour mettre en lumière les données actuelles de la recherche en liturgie et théologie des sacrements en considérant la relation entre recherche fondamentale et accompagnement des réalités pastorales.
La démarche comportera trois moments :
- entendre la hiérarchie de l’Église catholique exprimer les questions et les besoins en ce domaine central de la vie de l’Église
- croiser les questions et les points de vue des chercheurs et essayer d’approfondir les problématiques
- mesurer l’impact de cette réflexion sur la formation.
Hier à Paris, le cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin, est monté au créneau pour dénoncer les abus en matière liturgique, constatés dans l'Église catholique. Cette charge, dont il a précisé qu'elle ne s'adressait pas spécifiquement à la France, s'est déroulée dans le contexte houleux d'une opposition des évêques français à une éventuelle libéralisation du rite latin tridentin.
Le cardinal a tenu ces propos à l'occasion d'un colloque organisé par l'Institut supérieur de liturgie auquel ont participé plus de deux cents spécialistes et une vingtaine d'évêques français. Les archevêques de Paris et de Toulouse, Mgrs André Vingt-Trois et Robert Le Gall, ont ainsi saisi cette occasion pour faire part de leurs doutes et de leurs inquiétudes face à la restauration annoncée de l'ancien rite.
Le document que prépare le pape Benoît XVI en vue "d’encourager la messe en latin" prendra la forme "d’une Lettre apostolique - Motu proprio", "forme plus forte que la Lettre apostolique", livre-t-on encore au Vatican. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements travaille actuellement sur le texte, tout comme le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé et président de la Commission Ecclesia Dei, en charge des traditionalistes dans l’Eglise. De source vaticane, le pape a revu le texte au moins "deux fois" et le document serait "presque prêt".
Le cardinal Arinze n'a pas souhaité aborder directement la question du rite tridentin, choisissant plutôt de dénoncer « la banalisation, la désacralisation et la sécularisation dans la liturgie », illustrant ainsi la volonté de Rome d'une reprise en main au niveau international. Le bras droit de Benoît XVI sur ces dossiers a ainsi dénoncé « ce maniérisme ouvertement égocentrique que nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir » ainsi que « la fausse humilité » qui consiste pour un prêtre à « partager son rôle avec les laïcs ». Pour le cardinal, « la sainte liturgie n'est pas un domaine où règne la libre recherche ». Prenant la parole, Mgr Le Gall s'est défendu en regrettant que Rome « soit parfois trop attentive à des courriers venus de France qui relèvent de réelles anomalies ou irrégularités dans les pratiques liturgiques, mais sorties de leur contexte ».
En aparté, l'archevêque chargé des questions liturgiques au sein de l'épiscopat français a exprimé sa crainte qu'« en libéralisant l'ancien rituel, le Pape Benoît XVI fasse naître un front de défiance, de tristesse et de découragement vis-à-vis du Saint-Siège ». Mgr Le Gall espère que « toutes les réactions entendues en ce moment en France pourront amener Rome à moduler le texte en préparation ».
Le pape Benoît XVI, qui avait indiqué aux cardinaux son désir "de se rapprocher des traditionalistes" lors du consistoire de mars dernier, travaille aux conditions de l’élargissement de l’usage du missel préconciliaire. Il était jusqu’ici permis mais dans des conditions restrictives.
En effet, depuis la création de la Commission Ecclesia Dei par le Motu proprio du 2 juillet 1988, les prêtres peuvent célébrer la messe traditionnelle dans leur paroisse à condition que leur évêque les y autorise. Or, même si Jean Paul II avait alors demandé qu’on respecte partout "les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine", beaucoup d’évêques sont encore réticents à l’usage du missel saint Pie V.
Dans son livre Le Sel de la Terre (1997), Benoît XVI (Card. Ratzinger) écrivait qu’il pensait "que l’on devrait être plus généreux dans le fait de consentir l’ancien rite à ceux qui le souhaitent". "On ne voit pas ce qu’il devrait y avoir de dangereux ou d’inacceptable", estimait-il.
Comme les autres évêques de France - exceptés peut-être les cardinaux Jean-Marie Lustiger et Jean-Pierre Ricard, reçus cette semaine par Benoît XVI - l'évêque de Toulouse ne sait pas grand-chose de ce texte. Sauf, dit-il, qu'il « pourrait donner une même valeur à l'ancien rite et à celui d'aujourd'hui ». Ce sentiment de mise à l'écart des décisions prises à Rome est partagé par les évêques français, qui craignent que l'unité de l'Église ne soit remise en cause.
Alors posons la question qui fâche: si à Rome, il arrive qu'on prenne des décisions concernant les diocèses français sans toujours consulter les évêques de France, n'est-ce pas parce qu'en "haut lieu" on s'est rendu compte qu'il n'y a plus grand-chose à attendre d'un épiscopat qui, depuis des années se montre surtout gallican, versatile et quelque peu léger au plan théologique?
De son côté, l'archevêque de Paris, qui aurait été lui aussi reçu par Benoît XVI cette semaine, a déploré qu'en France la liturgie ait été « instrumentalisée » dans un débat entre libéraux et traditionalistes.
Et oui, c'était en 2004, à la suite de la parution de l'Encyclique Redemptionis Sacramentum, des évêques français (pratiquant la méthode Coué) affirment qu'il n'y a pas de grands problèmes liturgiques dans les paroisses et que les orientations de Vatican II sont de façon générale correctement appliquées.
Pour conclure rappelons les paroles pleines d'espoir du Pape Benoît XVI lors des dernières journées mondiales de la jeunesse à Cologne : (...) "la religion recherchée comme une sorte de "bricolage", en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes. Aidez les hommes à découvrir la véritable étoile qui nous indique la route: Jésus Christ !"
Peut être serait-il temps de redécouvrir vraiment ce qui fait le coeur de notre foi, et par association, ce qui nous en sépare !
L'autorité d'un concile oecuménique
infocatho.cef.fr - 28 octobre 2006
Lundi 23 , le cardinal Lustiger, malgré un lourd traitement médical a été reçu par le pape, à propos des évolutions liturgiques. Sur ce sujet, et pour la même raison, le cardinal Ricard était reçu en tête à tête le jeudi 26, par Benoît XVI. L'archevêque de Paris, le même jour, abordait cette question à l'Institut Catholique de Paris, après avoir été à Rome les 24 et 25 octobre. Nous donnons ici quelques passages de sa conférence introductive au colloque qui se déroulait à l'Institut Catholique. Le cardinal Arinze, préfet de la Congrégation pontificale pour le Culte divin, était présent à cette ouverture des journées de l'Institut supérieur de liturgie. Il a fustigé la "banalisation" et la "désacralisation" de la liturgie, précisant toutefois qu'il ne parlait pas de la France en particulier. "Je parle pas de la France que je ne connais pas suffisamment", a-t-il fait remarquer.
L'archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, chancelier de l'Institut Catholique, par contre abordait cette question, de front et sur le fond. "Ayant vécu la réforme comme séminariste et comme prêtre, dit Mgr André Vingt-Trois, je voudrais simplement relever deux aspects qui me semblent aujourd’hui trop largement méconnus".
"Le premier aspect est celui de la richesse catéchétique et spirituelle dont bénéficient les fidèles et, à travers eux, toute l’Église. L’élaboration des nouveaux lectionnaires liturgiques, avec la lecture continue des évangiles et des épîtres et l’accès développé aux textes fondamentaux du premier Testament, ouvre à tous la possibilité d’une fréquentation plus large des Écritures, au cœur même de la célébration liturgique. De plus, le Concile n’a pas seulement élargi le champ scripturaire des lectures. Il a aussi défini les modalités d’une prédication qui doit proposer un commentaire actualisé de ces lectures bibliques."
... "Par delà telles ou telles dispositions discutables et amendables de la réforme, qui ne voit le bénéfice considérable qui en résulte pour le peuple chrétien ? Les exagérations ou les maladresses qui ont accompagné sa mise en œuvre ne doivent pas dissimuler son enjeu. La question primordiale n’est pas la question de la langue utilisée, mais la question de la légitimité de l’Église à décider des modalités de sa liturgie. Qui peut fixer les lectures autorisées ? Qui peut définir le calendrier liturgique ? Qui arrête les fêtes à célébrer, les saints à honorer, etc… ? Quelle est, à cet égard, la responsabilité des évêques dans leur charge pastorale ? "

"Le deuxième aspect que je voudrais relever est le suivant. La réforme a mis en lumière que la liturgie, l’action sacrée, n’est pas seulement le premier lieu catéchétique, elle est aussi l’instance d’identification de la communauté ecclésiale elle-même, l’expression de la foi commune. Dans l’Église catholique, s’il existe des rites différents également reconnus, c’est pour exprimer liturgiquement, dans la prière habituelle de la communauté, la tradition liturgique, théologique et spirituelle d’une Église particulière. D’une certaine façon, le rite est indissociable d’une Église. "

... "Il y a plus grave, en effet, que les tristesses et les blessures que ces comportements ont provoquées. Chez nous, la liturgie a été instrumentalisée dans un débat d’un autre ordre. Sous certaines fantaisies ou certaines dérives liturgiques, on a pu identifier une auto-célébration de l’assemblée elle-même substituée à la célébration de l’œuvre de Dieu, voire l’annonce d’un nouveau modèle d’Église."

"D’autre part, sous couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines des ses déclarations. Le refus des livres liturgiques régulièrement promulgués fut suivi de l’injure publique envers les papes et couronné par des faits de violence comme la prise de force d’une église paroissiale à Paris et une seconde tentative avortée de la part des mêmes auteurs. "

"Il ne serait pas utile de faire mémoire de ces tristes événements s’ils n’étaient de nature à éclairer le contexte actuel. Aucun des protagonistes de ces combats n’a cru ni dit que le problème était prioritairement et, moins encore, exclusivement liturgique. Il était et il demeure un problème ecclésiologique. Il pose clairement la question du sens de l’unité ecclésiale dans la communion avec le siège de Pierre. Il pose clairement la question de l’autorité d’un concile œcuménique et de ses déclarations votées par l’ensemble du collège épiscopal et promulguées par le premier des évêques, tête du collège."

"Si je me permets d’évoquer ces soubassements du débat liturgique, c’est parce qu’ils me semblent constituer un lieu théologique et spirituel de notre expérience d’Église. Si la controverse liturgique a joué aussi fortement ce rôle de paravent pour un autre débat, c’est bien parce que la liturgie est aussi un révélateur de l’expérience de la communion ecclésiale. Elle n’est pas un spectacle dont on pourrait critiquer à loisir le programme et la distribution et corriger les partitions. Elle est l’expression de la foi et de la communion de l’Église. Elle est, en régime chrétien, l’action constitutive de l’Église : « Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence, dont nulle autre action de l’Église n’égale l’efficacité au même titre et au même degré » (SC 7)."

... "En conclusion, je voudrais vous partager une espérance : que les efforts permanents de notre Église pour réunir ses enfants en un seul peuple et une seule louange soient couronnés de succès. Depuis la triste année 1988, les Papes successifs n’ont pas cessé de tendre la main à ceux de leurs enfants qui voulaient se faire leurs juges. Sans doute aujourd’hui le fossé s’est-il élargi et les passerelles sont-elles plus difficiles à mettre en place. C’est une raison supplémentaire pour ne pas tarder à le faire de tout notre cœur. Vos évêques continueront à travailler paisiblement et sereinement à la réconciliation nécessaire dans la fidélité au Pape et dans la communion avec lui."

"Pour ma part, j’ai hérité du Cardinal Lustiger une pratique généreuse et ecclésiale du Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta. Je suis heureux que cette pratique ait permis à des chrétiens sincères de rester dans la communion ecclésiale et d’y avoir leur place comme ils sont à leur place dans la pastorale du diocèse. Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères."

"Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie en suivant le même calendrier liturgique et le même lectionnaire. Comme l’unité progresserait si nous entendions tous chaque dimanche la même Parole de Dieu, si nous célébrions ensemble les mêmes fêtes du Seigneur et si nous fêtions ensemble les mêmes saints !"

L'intégralité de cette intervention se trouve sur le site du diocèse de Paris : http://catholique-paris.cef.fr

Source : Info Catho

27 octobre 2006

Le calendrier liturgique, ultime provocation des adversaires de la paix ?
La Lettre de Paix liturgique - n°58 – 27 octobre 2006
Pour abonner un ami, une paroisse, une institution et nous aider à développer notre mouvement, envoyez un message à l'adresse suivante : contact@paixliturgique.com
Le calendrier liturgique, ultime provocation des adversaires de la paix ?
► Depuis quelques semaines, on entend dire que le pape Benoît XVI serait sur le point de prendre des mesures d’apaisement pour répondre aux aspirations des très nombreux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Les "fuites" vaticanes et les nombreux articles parus dans la presse décrivent des mesures qui devraient satisfaire le plus grand nombre. Deo Gratias ! On s'acheminerait donc enfin vers la paix des cœurs et le développement de véritables liens de charité. Voilà un beau motif de réjouissance car n’est-ce pas là ce que chacun doit souhaiter, en particulier les chrétiens et au premier plan d’entre eux, les pasteurs du troupeau, nos évêques ?

Pourtant, contre toute raison et avant même que le texte du Saint-Père n'ait été publié, on assiste à une levée de boucliers agitatrice et autoproclamée représentative de certains clercs aigris.

Plus incroyable encore, des "propositions" qui vont à l’opposé du souhait de paix du pape se profilent ci et là.

En effet, dans certains diocèses, l'autorité ne craint pas de décréter qu'elle conditionnera la célébration de la messe traditionnelle à certaines "exigences pastorales"... Une de ces conditions sera d'imposer aux fidèles d’assister en alternance un dimanche sur deux à la nouvelle liturgie, comme s'ils ne la connaissaient pas, une autre sera d'exiger que ces célébrations traditionnelles adoptent le nouveau calendrier.

De telles provocations devraient faire sourire si elles ne masquaient pas l'opposition farouche de certains ecclésiastiques prêts à tout pour faire échouer dans la pratique la politique pleine d'amour du Saint-Père.

Certains osent même couvrir cette dernière innovation de l’onction du pape lui-même en affirmant que, dans une conférence donnée à Fontgombault en 2001, celui qui était alors le cardinal Ratzinger, se serait lui-même fait l’avocat d’une telle solution.

Afin de rétablir la vérité, nous avons voulu disposer d’un avis autorisé.

C’est pourquoi nous reproduisons ici un entretien exclusif que nous a accordé un prêtre français, ancien collaborateur du CNPL (Centre national de la pastorale Liturgique) qui a souhaité conserver l’anonymat.

Qu’est-ce que le « calendrier traditionnel » et le « nouveau Calendrier » ?
Le calendrier dit « traditionnel » est celui associé au missel dit « de Saint Pie V » ou « tridentin » dont la dernière édition typique date de 1962, d’où le nom de liturgie de 1962 que certains lui donnent. Le nouveau calendrier est celui qui a été promulgué en 1970 par le pape Paul VI conjointement au missel qui instaurait la messe nouvelle.
Pourquoi peut-on être attaché au calendrier traditionnel ?
Pour de multiples raisons dont je ne retiens ici que les deux principales :
La première est que ce calendrier « Traditionnel » est en parfaite symbiose avec le livre liturgique « traditionnel » lui-même.
La seconde est une évidence que beaucoup de fidèles ont constatée dès 1970 : Le calendrier liturgique traditionnel est plus riche que le nouveau calendrier. Notons par exemple que le beaucoup plus petit nombre de fêtes de saints (environ 177 pour le Missel de 1970, contre 277 environ pour celui de 1962) avait été beaucoup critiqué lors de la publication du nouveau calendrier. Certes, plusieurs fêtes qui ne se trouvent plus dans le calendrier romain général de 1970 n’ont pas pour autant été supprimées. Elles ont bien souvent été transférées dans les calendriers nationaux, diocésains, ou ceux des ordres religieux, mais il n’en reste pas moins vrai que nous avons connu avec cette réforme un grand appauvrissement du calendrier en général. Sans entrer dans des détails trop techniques, il faut savoir que le grand débat autour du calendrier avait été mis en chantier… et résolu par le pape saint Pie X au début du XXe siècle. La crainte à l’époque était de voir peu à peu le sanctoral (la commémoration des saints) prendre le pas sur le temporal (c’est-à-dire sur le rythme de l’année liturgique) or en « nettoyant » dès cette époque le calendrier et en donnant la priorité liturgique aux dimanches, la crainte principale des liturgistes était envolée et il n’était plus indispensable de modifier une fois encore le calendrier. Ce serait donc plutôt à un enrichissement du nouveau calendrier auquel il faudrait s’attacher, et déjà ce chantier est en route puisque la dernière édition typique du missel romain a rétabli les fêtes du Saint Nom de Jésus et du Saint Nom de Marie, supprimées en 1970. Mais il faudra attendre longtemps avant de rétablir un équilibre, c’est pourquoi les raisons sont abondantes de continuer à être attaché au calendrier traditionnel.
Mais l’on parle souvent du nouveau lectionnaire qui est plus riche que le précèdent ?
C’est vrai, le nouveau lectionnaire est plus fourni avec ses trois lectures et son cycle triennal… mais nous ne sommes plus dans les temps anciens où les fidèles n’avaient pas d’autre accès à de tels trésors ! Aujourd’hui, les fidèles peuvent vivre de l’écriture en dehors de la célébration eucharistique, et disposent d’outils pour cela comme l’excellent petit Magnificat
Par ailleurs, que pèse cette profusion de textes lorsque les études officielles nous indiquent que la plupart des « pratiquants » français ne vont à la messe qu’une fois par mois ? Sans compter que les textes de l’Ancien Testament apparaissent souvent comme complexes et nécessitent une explication détaillée pour être bien reçus. Un autre point est à noter, l’ancien lectionnaire a plus de 100 ans d’existence et le respecter c’est rester en lien étroit avec tous ceux qui l’on utilisé depuis des siècles, pensons aux sermons de saint Bernard ou à ceux de saint Antoine de padoue publiés récemment… ce sont les textes du lectionnaire traditionnel qu’ils commentent alors comment se couper d’une telle richesse ? J’ajouterai encore qu’il faut tenir en haute estime les vertus pédagogiques de la répétition. Il est vrai que l’ancien lectionnaire répète les mêmes textes tous les ans, mais si tous les fidèles assimilaient parfaitement ce noyau de textes de la Parole du Seigneur ce serait déjà extraordinaire. Comme l’a souvent écrit le pape Benoît XVI dans ses livres avant son élection, ce sont des savants qui ont fait la réforme liturgique… avaient-ils véritablement un sens pastoral aiguisé ? La question mérite au moins d'être posée... Pour ma part je suis très attaché à l’ancien lectionnaire qui vise à l’essentiel, c’est pour cela que, sans contester tous les mérites de la nouveauté, je pense qu’il est donc parfaitement légitime de préférer l’ancienne pédagogie.
Que pensez-vous de l’idée de certains qui affirment qu’il faudrait appliquer à la célébration de la messe de saint Pie V le calendrier liturgique du missel de Paul VI ?
Je pense qu’il faut se demander sincèrement et en chrétiens quelle est l’intention véritable qui se cache derrière cette proposition.
Il me semble en effet que celle-ci est quand même assez provocatrice et génératrice de zizanie.
D'abord zizanie chez ceux à qui le Saint-Père propose enfin la paix, car beaucoup ne l’accepteront pas, ou mal, ce qui permettra aux opposants d’affirmer que quoique l’on fasse, les fidèles « tradis » ne seraient jamais contents…
Zizanie aussi de la part des fidèles de la mouvance de la fraternité Saint Pie X qui y verront un nouvel exemple de la mauvaise foi épiscopale et un nouvel obstacle à une réconciliation indispensable.
Ce serait quand même extravagant que des décisions ayant pour objet d’apaiser les choses soient dévoyées et deviennent génératrices de conflits… alors qu’il nous faut enfin la paix !
Ajoutons à cela qu’une telle proposition n’a jamais été dans l’intention du législateur. La lettre Quattuor abhinc annos du 3 octobre 1984 sur lequel s’appuie ensuite le motu proprio Ecclesia Dei de 1988 dit très précisément « Qu’il n’y ait aucun mélange entre les rites et les textes de l’un et l’autre missels. » et le cardinal Mayer, premier président de la commission Ecclesia Dei, écrivait aux évêques américains le 19 avril 1991 : « Considérant la "large et généreuse application" des mesures énoncées dans Quattuor abhinc annos et des principes édictés par les pères du Concile Vatican II (Sacrosanctum consilium 51 et 54), le nouveau lectionnaire en langue vernaculaire pourrait être utilisé afin de présenter "avec plus de richesses la table de la Parole de Dieu" dans les messes célébrées selon le missel de 1962. Cependant, nous pensons que cet usage ne doit pas être imposé aux assemblées qui décideraient de conserver l’ancienne tradition liturgique dans son intégrité comme les y autorise le Motu proprio Ecclesia Dei. »
Il me semble donc impensable de proposer, ou pire d’imposer, aux célébrations en rite tridentin de suivre le nouveau calendrier.
Mais on dit que le pape Benoît XVI, lorsqu’il était encore le cardinal Ratzinger a pourtant été dans ce sens lors des rencontres liturgiques de Fontgombault en juillet 2001 ?
Permettez-moi de vous dire qu’une telle affirmation serait une falsification honteuse des paroles du Saint-Père !
Il suffit de relire les actes de ce colloque pour y constater tout d’abord qu’il considère que l’ancien missel est un « point de référence », « un bien de l’église », un « trésor de l’Eglise » (p 178 des actes) et il insiste clairement sur le fait que si réforme il y a, elle « se réfère naturellement au missel réformé pas au missel précédent » (p 179), tout en n’excluant pas qu’à l’avenir ce missel puisse naturellement évoluer. En ce qui concerne le calendrier, il dit (p 182-183) : « on doit être très prudents avec des éventuels changements » « pour ma part je ne ferai rien dans ce domaine pour le moment, c’est clair. Mais dans l’avenir on devrait penser, me semble-t-il, à enrichir le missel de 1962 en introduisant des saints nouveaux », « Ouvrir le calendrier de l’ancien missel aux nouveaux saints, en faisant un choix bien médité, cela me semble une chose importante qui ne détruirait rien du tissu de la liturgie ». Voilà la pensée du Saint-Père et pas autre chose. Il n’a jamais parlé de quelque manière que ce soit de l’utilisation du nouveau calendrier pour l’ancien missel.
Le fait d’avoir plusieurs calendriers n’est-il pas un problème pour l’Unité ?
Il faut se garder de jugements trop manichéens. Nous n’arrivons déjà pas à célébrer à la même date que certains de nos frères chrétiens la fête de Noël ou de Pâques, cela me semble autrement plus important. Par ailleurs, il faut regarder la réalité en face : les diocèses, les pays, les ordres religieux ont tous un calendrier qui diffère ! Certains ont leurs fêtes propres, d’autres donnent à une même fête un degré différent de solennité. Cette idée d’un calendrier uniforme et universellement imposé n’a aucun sens car cela ne correspond pas à la réalité de la vie de l’Eglise qui est riche de traditions très anciennes qu’on ne devrait toucher qu’avec le plus grand respect. Doit-on demander aux franciscains ou aux dominicains d’abandonner leurs fêtes ? Doit-on les accuser de rompre l’unité ? Cela me semble peu sérieux. C’est tout de même une idée très récente et assez révolutionnaire de considérer que l’on peut modifier selon des schémas intellectuels ces trésors de traditions diverses que l’Eglise nous lègue et que nous devrions conserver comme la prunelle de nos yeux. Il y a là un intellectualisme dévoyé qui ne correspond pas à ce que le Saint-Père actuel reconnaît comme l’Esprit de la Liturgie, et qui pourrait se transformer en une forme d’idéologie contraire à la pensée de l’Eglise.
Comment voyez-vous l’avenir du calendrier traditionnel ?
Il faut suivre le Saint-Père, laisser du temps au temps et appliquer au plus vite généreusement les propositions du Motu proprio de 1988 dans un esprit de paix sans esprit de calcul et sans mesquineries qui ne pourraient que faire ressurgir des passions et des blessures que les décisions du pape, comme celles de son prédécesseur, veulent apaiser. 
Et puis lorsque les esprits seront en paix, il sera temps d’étudier un enrichissement du calendrier traditionnel, pour que, comme cela s’est toujours fait dans l’histoire, l’on puisse y intégrer les nouveaux saints honorés dans l’église, et cela, je crois que nul ne le conteste !

► Les réflexions de paix Liturgique
Cette interview exclusive prend d'autant plus de relief, qu'hier, le 26 octobre 2006, Monseigneur Vingt-Trois, archevêque de Paris, prononçait les paroles ci-après à un colloque universitaire organisé à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Institut Supérieur de Liturgie : "Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie en suivant le même calendrier liturgique et le même lectionnaire. Comme l’unité progresserait si nous entendions tous chaque dimanche la même Parole de Dieu, si nous célébrions ensemble les mêmes fêtes du Seigneur et si nous fêtions ensemble les mêmes saints !"

De telles paroles nous surprennent et nous peinent. Quel est le but réel d'une telle demande ? Serait-ce donc vraiment l'unité ? Il est étonnant de voir cette volonté soudaine pour l'application du nouveau calendrier liturgique à la messe de Saint Pie V alors que depuis trente ans on a abandonné les fidèles et les prêtres attachés à la messe traditionnelle dans une situation d’exclusion dont les conséquences sont gravissimes. Et quand, en de rares occasions, on leur a accordé quelque chose, c'est par une application restrictive et humiliante des mesures d'apaisement de Jean Paul II.

Plutôt que d’essayer de faire échouer cette mesure bienveillante du Saint-Père, l’urgence n’est-elle pas au contraire de l’accompagner avec bienveillance ? Hier avec la question de la concélébration, aujourd’hui avec celle du calendrier, c’est encore une fois la même méthode : on ne veut pas accepter l’idée de donner une place normale à des fidèles qui n’ont commis d’autres crimes que d’être fidèles à une liturgie et à un esprit chrétien, dont le pape Paul VI lui-même disait : « Le Missel romain, promulgué en 1570 par Notre prédécesseur saint Pie V, sur l’ordre du Concile de Trente, a été reçu par tous comme l’un des fruits nombreux et admirables que ce saint Concile a répandus dans l’Eglise du Christ tout entière. Durant quatre siècles, en effet, non seulement il a fourni aux prêtres du rite latin la norme de la célébration du sacrifice eucharistique, mais encore les saints prédicateurs de l’Evangile l’ont répandu dans presque tout l’univers. De plus, d’innombrables saints ont abondamment nourri leur piété envers Dieu par ses lectures des Saintes Ecritures ou par ses prières, dont l’ordonnance générale remontait pour l’essentiel à saint Grégoire le Grand. »

Cette surenchère ne s’arrêtera donc jamais ? Oui, face au drame que connaît l’Eglise de France qui dans dix ans aura vu disparaître 80% de son clergé, face au dynamisme des communautés traditionnelles qui dans l’Eglise apportent chaque jour leur part à l’évangélisation de notre société, cette querelle byzantine sur le calendrier nous semble bien mesquine. Est-ce cela l’enjeu aujourd’hui ? Est-ce que vraiment les problèmes de l’Eglise, du lamentable état des célébrations liturgiques et de l’exclusion de fidèles qu’on pousse à l’abandon de la foi, valent qu’on impose ce nouveau « dogme » du calendrier de 1969 qui est tout d’un coup devenu la seule chose vitale… alors qu’il n’est pas si parfait que cela ? Personne ne prétend qu’il n’est pas souhaitable d’avoir le même calendrier… nous regrettons toutes ces belles fêtes qui se célèbrent dans les communautés traditionnelles et dont ont été privés les fidèles de la nouvelle liturgie. C’est dommage, mais est-ce LE problème ?

Demain que nous demandera-t-on ? D’abandonner le latin ? Les génuflexions ? La communion sur les lèvres ? L’orientation de la célébration ? Et après-demain, le texte du credo qui est trafiqué dans de nombreuses célébrations ? Au motif que c’est ce qui se fait dans les paroisses et que nous devons faire comme les autres, au nom de l’unité ?

Nous dira-t-on : "Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie dans la même langue vernaculaire, sans se tourner le dos mais en se faisant face, sur la même simple et austère table, et avec les mêmes gestes pour la communion, debout et dans la main. Comme l’unité progresserait si nous chantions tous chaque dimanche les mêmes chants niais, si nous célébrions ensemble avec les mêmes prières fabriquées de toutes pièces et si nous fêtions ensemble les mêmes évènements profanes que l’actualité nous propose !" ?

Quelle est donc cette unité d’un genre nouveau qu’on brandit comme un étendard, qui serait le rouleau compresseur uniformisateur des traditions de l’Eglise, alors que la réalité est qu’en France il existe quasiment autant de célébrations différentes que de paroisses ? A quelle unité nous demande-t-on de nous raccrocher ? Nous ne la voyons pas ! N’est-ce pas Mgr Bernard Lagoutte, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, qui écrivait le 12 mai 2000 : « S’il est vrai, par exemple, que peu d’assemblées sont désormais à même de célébrer la messe en latin et chant grégorien, il y a tout de même quelques églises où l’Ordo de Paul VI est observé avec rigueur » !! Quel modèle devrions-nous suivre ? Il n’y en a plus !

Pour notre part, nous condamnons cette hypocrisie qui sous couvert d'unité, cache une nouvelle tentative de faire échouer la réussite pratique de la réconciliation souhaitée par Benoît XVI.

Nous souhaitons être respectés et traités dignement. C'est pourquoi nous sommes déterminés à ne pas nous laisser manipuler. Nous condamnons cette attitude et disons très clairement que nous n'accepterons pas que quiconque mente aux fidèles et au Saint-Père et tente d'imposer des conditions mesquines dans le but de faire échouer la paix. Nous nous y opposerons avec la dernière énergie.
Sylvie Mimpontel

26 octobre 2006

Très saint Père, ne faites pas cela !
par Jacques Noyer, évêque honoraire d’Amiens
Témoignage chrétien - temoignagechretien.fr - édition du 26 octobre 2006
Très saint Père, ne faites pas cela !   par Jacques Noyer  
On pourrait voir dans les disputes autour de la liturgie de simples querelles de clercs sans importance. Fermons la porte de la sacristie et passons aux choses sérieuses. Mais nous savons bien que l’enjeu de ce retour aux habitudes d’hier est bien l’image que l’Église se fait d’elle-même et qu’elle veut montrer au monde. Si, comme elle le croit, elle est le Sacrement de l’Union des hommes dans l’amour du Père, elle dit mieux et plus fort avec quelques gestes publics qu’avec des lourdes thèses de théologies réservées aux spécialistes.

Quand le prêtre tourne le dos au peuple et se met à parler dans une autre langue, il est habité par un autre esprit que lorsqu’il s’assit au milieu de tous pour partager avec tous sa joie de croire. D’un côté, un Dieu, chef et juge, qui demande à être obéi ; de l’autre, un Dieu qui envoie son Fils pour révéler son cœur de Père. D’un côté, des officiers fiers de la part d’autorité divine qu’Il leur a déléguée, de l’autre, des frères choisis pour lire avec eux l’Evangile de Jésus-Christ.

Si le Concile Vatican II a autant marqué l’Église contemporaine, c’est qu’il fut pastoral et non pas doctrinal. Il a réveillé quelque chose de la Tradition qu’une chrétienté endormie dans ses certitudes avait peut-être oubliée. L’Église se rappelle qu’elle est « servante et pauvre », qu’elle est faite pour apporter à l’angoisse du monde l’espérance et la confiance. C’est de cela dont il s’agit et pas seulement de quelques caprices dans le goût des cérémonies.

Les multiples signes de frilosité, le désarroi d’une institution moins triomphante, la nostalgie d’un Église plus assurée, la recherche angoissée de marques d’identité, la reprise en main cléricale dans quelques domaines, l’autorité retrouvée du théologien sur le pasteur, tout cela est le fait d’une Eglise qui est tentée de marcher « à reculons, comme les écrevisses » selon le mot d’Umberto Eco. Et c’est alors qu’on nous annonce comme imminent un décret pontifical qui permettrait à tous ceux qui veulent revenir avant le Concile de le faire. Qu’il y ait au cœur de nos communautés des débats, c’est sans doute normal. On ne conduit pas une flotte aussi diverse qu’est l’Église sans quelques tensions et même sans quelques accrochages. Mais quand c’est l’Amiral qui semble hésiter à poursuivre la route, cela est beaucoup plus grave. Qu’on demande de faire une place à un bateau perdu, pourquoi pas ? Mais le voir prétendre se placer en tête pour changer la direction générale, on ne peut l’accepter. Qu’on donne à chaque prêtre, comme on le laisse entendre, la possibilité de faire demi-tour, sous prétexte de tolérance et de charité, c’est mettre l’anarchie dans la flotte. L’escadre ne sera plus alors qu’une flotte de plaisance.

J’aimerais crier à notre pape avant qu’il ne soit trop tard : ne faites pas cela ! Vous entendez la plainte de quelques réfractaires et vos analyses antérieures montrent qui vous partagez une part de leurs réticences. Mais de grâce, vous êtes pape ! Ne permettez pas à notre Église de s’engager dans de nouvelles tempêtes où s’éloigneront encore nombre de ses enfants. Vous reprochez à la suite de Vatican II d’avoir exagéré la rupture… ne croyez pas qu’une nouvelle rupture ramènera la sagesse. Vous avez montré, depuis que vous êtes pape, le visage de pasteur que votre rôle de théologien avait obscurci. Ne décevez pas tous ceux qui ont sincèrement apprécié ce que vous avez dit et fait jusqu’aujourd’hui.

Jacques Noyer est évêque honoraire d’Amiens. Dernier livre : Le manteau partagé (l’Atelier).
Au service des Mystères du Christ
Cardinal Arinze - Paris - 26 octobre 2006
mis en ligne sur le forum catholique
Au service des Mystères du Christ Discours d'ouverture du Colloque organisé à l'occasion de la Célébration du Jubilé d'Or de «l'Institut Supérieur de Liturgie» de «l'Institut Catholique de Paris» - 26 octobre 2006
1. Bienheureuse célébration. Temps de Grâce.
Dieu soit loué pour la célébration de ce cinquantième anniversaire de la vie et du service de « l'Institut Supérieur de Liturgie ». Durant ces cinquante ans, l'Institut a offert à l'Eglise une contribution importante et significative à la réflexion, à la vie et à la formation dans le domaine de la Liturgie. Nous prions le Seigneur Jésus de bien vouloir bénir et récompenser tous ceux qui, dans le passé, ou de nos jours, ont prêté ou prêtent encore leur concours à cette section importante de l'Institut Catholique de Paris. La Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements adresse ses plus chaleureuses félicitations à cet Institut. La célébration d'un jubilé comme celui-ci n'est pas seulement une occasion pour rendre grâce, mais elle nous offre aussi l'opportunité de mener une réflexion, en vue d'un réexamen des orientations, afin de tracer clairement la route qu'il convient de suivre, et prendre des résolutions pour le futur. Nous aborderons quelques thèmes au sujet desquels on peut penser qu'un Institut Supérieur de Liturgie semblable à celui-ci pourrait s'efforcer de rendre certains services. Il est important de montrer un chemin de lumière dans les différents domaines qui constituent la Liturgie. A ce titre, comme nous le verrons, l'ars celebrandi et l'homélie méritent qu'on y prête une attention particulière. De même, dans le cadre de l'ecclésiologie de communion, il importe de souligner avec clarté les rôles assumés par le prêtre et l'Evêque diocésain. Après avoir évoqué ces différents points, nous serons en mesure de présenter, en conclusion, une liste des principaux services qu'on pourrait attendre d'un Institut de Liturgie.
2. Montrer un chemin de lumière dans le domaine de la Liturgie
Tout d'abord, l'un des devoirs d'un Institut Supérieur de Liturgie est d'être comme un phare qui désigne un chemin de lumière en matière de Liturgie. Assumer une telle fonction permet à la fois d'informer et aussi de former des responsables, qui soient capables d'apprécier à leur juste valeur les richesses contenues dans le culte public de l'Eglise, et qui, de surcroît, soient prêts à les partager avec les autres. Cela permet d'éclairer et de mieux expliciter le lien étroit qui existe entre la théologie et la liturgie, entre la foi de l'Eglise et la célébration des Mystères du Christ, entre la lex credendi et la lex orandi. il est vrai qu'un Institut Supérieur de Liturgie doit promouvoir la recherche. Toutefois, avant tout, il convient qu'il établisse ses travaux sur les bases solides et durables de la foi, de la Tradition de l'Eglise et sur l'héritage, qui est présent dans les textes, les gestes et les attitudes liturgiques. Un tel Institut doit donc être heureux de considérer que la sainte Liturgie est un don que nous recevons du Christ par l'Eglise. De fait, la sainte Liturgie n'est pas une chose que l'on invente. Elle comprend, en effet, des éléments immuables, qui proviennent de notre Sauveur Jésus Christ, comme les éléments essentiels des Sacrements, et aussi des éléments variables, qui ont été soigneusement transmis et conservés par l'Eglise. Beaucoup d'abus, dans le domaine de la Liturgie , ont pour origine, non pas la mauvaise volonté, mais l'ignorance, « puisqu'on rejette généralement ce dont on ne perçoit pas le sens plus profond, et dont on ne connaît pas l'ancienneté » (Redemptionis Sacramentum, 9). Ainsi, certains abus ont-ils pour origine la place indue qui est accordée à la spontanéité, ou à la créativité, ou bien à une fausse idée de la liberté, ou encore à cette erreur qui a pour nom: « horizontalisme », qui consiste à placer l'homme au centre de la célébration liturgique au lieu de porter son attention vers le haut, c'est-à-dire vers le Christ et ses Mystères. On dissipe les ténèbres grâce à la lumière, et non par des condamnations verbales. C'est pourquoi, notamment, un Institut Supérieur de Liturgie doit avoir le souci de former des experts dans la meilleure et authentique tradition théologico-liturgique de l'Eglise. Il les forme donc à l'amour de l'Eglise et de son culte public, et il leur enseigne à suivre les normes et les orientations données par le Magistère. De même, un tel Institut prévoit aussi des cours appropriés pour ceux qui veulent promouvoir la formation permanente des clercs, des personnes consacrées et des fidèles laïcs. Comme le Pape Jean-Paul Il l'écrivait à l'Assemblée Plénière de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, un mois avant sa mort: «I1 est urgent que dans les communautés paroissiales, dans les associations et dans les mouvements ecclésiaux on assure des cours appropriés de formation, afin que la Liturgie soit mieux connue dans toute la richesse de son langage et qu'elle soit vécue dans toute sa plénitude. Dans la mesure où cela sera fait, le résultat en sera des bienfaits qui se révéleront dans la vie personnelle et communautaire » (Lettre du Pape Jean-Paul Il au Cardinal Arinze, 3 mars 2005, n. 5).
3. La promotion de l'ars celebrandi
Une solide base théologico-liturgique, une formation de qualité dans le domaine de la foi, et le respect du caractère propre de la Liturgie ont pour conséquence de favoriser cette réalité qui a pour nom : « l'ars celebrandi » ; de fait, celui-ci sera promu non seulement par le prêtre célébrant, mais aussi par tous ceux qui prennent part aux actions liturgiques,: tout d'abord, le diacre, mais aussi les servants d'autel, les lecteurs, ceux qui dirigent le chant et toute l'assemblée qui participe à l'action liturgique. L'ars celebrandi est fondée sur la vérité théologique que le Concile Vatican Il exprime en ces termes : « la Liturgie est considérée à juste titre comme l'exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l'homme est signifiée par signes sensibles, est réalisée d'une manière propre à chacun d'eux, et dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus Christ, c'est-à-dire par le Chef et par ses membres » (Sacrosanctun Concilium, 7). Un Institut de Liturgie devrait aider chaque personne, qui participe à une célébration liturgique, à apprécier cette vérité. Cela concerne en tout premier lieu le prêtre célébrant ou l'Evêque. Si ces derniers sont suffisamment insérés dans la compréhension des célébrations liturgiques qui ont pour Tête le Christ, s'ils respectent l'Ecriture, la Tradition, les fondements historiques des textes sacrés et les richesses théologiques des expressions liturgiques, alors tout cela aura pour résultat bénéfique de manifester d'une manière admirable l'ars celebrandi. Les célébrations liturgiques manifesteront la splendeur de la foi de l'Eglise ; elles nourriront la foi des participants ; elles écarteront de cette foi la torpeur et l'indifférence ; et elles enverront les fidèles à la maison avec la résolution ardente de vivre une vie vraiment chrétienne et de répandre partout la Parole de Dieu. Nous sommes alors bien loin de cette froideur, de cet horizontalisme qui met l'homme au centre de l'action liturgique, et aussi parfois de ce maniérisme ouvertement égocentrique que nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir. La Lettre du Pape Jean-Paul ll, déjà mentionnée (n. 3), de même que le Synode es Evêques d'octobre 2005 - Les 50 propositions (voir Prop. 25) ont tous les deux souligné l'importance de l'ars celebrandi.
4. L'homélie
Le Concile Vatican II dit que « l'homélie est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même » (Sacrosanctum Concilium, 52). Dans l'homélie, le pain de la Parole de Dieu est distribué aux fidèles. Les Saintes Écritures sont mises en relation avec les réalités de la vie dans le monde d'aujourd'hui. Et il est vrai qu'une bonne homélie, bien préparée, remplit d'ardeur les cœurs des fidèles qui l'ont écoutée, c'est-à-dire de ce « feu» dont parle l'Évangile des deux disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24, 32). Malheureusement, beaucoup d'homélies, prononcées par des prêtres ou des diacres, n'atteignent pas ce but tant désiré. Certaines d'entre elles ressemblent pour une bonne part à des discours marqués par des considérations d'ordre sociologique, psychologique, ou, dans un style encore pire, politique. Ces homélies ne sont pas assez enracinées dans la Sainte Écriture, les textes liturgiques, la Tradition de l'Eglise et une théologie solide. Dans certains pays, il y a des gens qui n'apprécient pas le fait que l'homélie, durant la célébration du Sacrifice eucharistique, soit un ministère pastoral réservé aux seuls ministres ordonnés : le diacre, le prêtre et l'Evêque. Or, il est vrai que les fidèles laïcs, s'ils peuvent très bien assurer la catéchèse en dehors de la Messe , ne sont néanmoins pas habilités à prononcer l'homélie, pour laquelle il est requis de recevoir l'ordination. Un Institut Supérieur de Liturgie peut donc aider à diffuser de justes convictions au sujet de l'homélie. Il peut aider à créer un climat d'opinion pour des homélies où le Peuple de Dieu pourrait trouver une nourriture spirituelle plus substantielle. A ce sujet, il convient de rappeler que, pour de nombreux catholiques, l'homélie est probablement la seule formation permanente religieuse et catéchétique qu'ils reçoivent durant la semaine (cf. Lettre du Pape Jean-Paul II, n. 4; Synode des Evêque d'octobre 2005, Prop. 19).
5. Le rôle liturgique du prêtre
Il est essentiel pour un Institut Supérieur de Liturgie de préciser clairement quel est exactement le rôle du prêtre dans la sainte Liturgie. Le Concile Vatican Il dit, en effet, que « le renouveau de l'Eglise entière dépend pour une grande part du ministère des prêtres animé par l'Esprit du Christ » (Optatam Totius, préambule). Le sacerdoce commun de tous les baptisés et le sacerdoce ministériel des prêtres ordonnés proviennent du Christ lui-même. Or, si dans la constitution hiérarchique de l’Eglise, on confond les rôles des uns et des autres, cela provoque toujours des dommages. De plus, une telle position ne contribue pas à promouvoir le témoignage rendu au Christ, ni la sainteté du clergé et des fidèles laïcs. Enfin, ni les tentatives de cléricalisation des laïcs, ni les efforts en vue d'une laïcisation du clergé ne peuvent être porteurs des grâces divines. Le Concile 'Vatican II dit que « dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre et fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature des choses et des normes liturgiques » (Sacrosanctum Concilium, 28). C'est donc faire preuve de fausse humilité et d'une conception inadmissible de la démocratie ou de la fraternité, pour un prêtre, que d'essayer de partager le rôle qu'il exerce dans la liturgie en tant que prêtre, et qui lui est donc strictement réservé, avec les fidèles laïcs. Ainsi, il n'est pas superflu d'affirmer qu'un Institut Supérieur de Liturgie, comme toute faculté de théologie, devrait aider le peuple à comprendre que le sacerdoce ministériel est une partie intégrale et constitutive de la structure de l'Eglise, et que, par conséquent, nous avons absolument besoin de prêtres ordonnés pour célébrer la sainte Messe, pour absoudre les fidèles de leurs péchés au moyen du Sacrement de Pénitence, et pour donner l'Onction des Malades à ceux qui en ont besoin (cf. Tc 5, 14-15). De plus, étant donné que l'on constate que les gens, qui viennent nombreux aux célébrations des mariages et des funérailles, peuvent en tirer de grands bienfaits sur le plan spirituel, il faut donc affirmer que, notamment dans ces cas, nous avons besoin de prêtres pour célébrer le Sacrifice eucharistique, pour adresser des paroles empreintes de spiritualité dans des homélies de qualité à des personnes, dont un certain -nombre participe rarement à la Messe , pour les bénir, et donc, pour être un signe montrant que l'Eglise est près d'eux comme une pierre milliaire posée sur le chemin de leur vie. De plus, et sans aucun doute, il est nécessaire que le sacerdoce du prêtre ne se borne pas à l'exercice de simples fonctions liturgiques, mais que ses activités ministérielles proviennent de son cœur de père spirituel et que, par conséquent, sa présence pastorale constitue une nourriture spirituelle pour le peuple. Si l'on affaiblit le rôle du prêtre ou si on ne l'apprécie pas, une communauté locale catholique peut dangereusement sombrer dans l'idée qu'il est possible d'envisager une communauté sans prêtre. Or, une telle pensée n'est pas conforme avec la conception authentique de l'Eglise instituée parle Christ. Si un diocèse ne dispose pas d'un nombre suffisant de prêtres, des initiatives devraient être prises pour les faire venir d'ailleurs, pour encourager les vocations sacerdotales locales, et pour maintenir vive, dans le peuple, cette « faim » authentique d'avoir des prêtres à son service (cf Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia, 32}: Les membres non ordonnés du Peuple de Dieu, à qui on assigne certaines fonctions en l'absence d'un prêtre, doivent faire un effort tout particulier pour conserver une telle «faim». Et ils devraient résister à la tentation qui consiste à essayer de persuader les fidèles qu'ils doivent s'habituer à les considérer comme des substituts des prêtres (cf. op. cit., 33). Il n'y a pas de place dans l'Eglise catholique pour la création d'une sorte de « laïc cléricalisé » parallèle (cf. Redemptionis Sacramentum, 149-153, 165) De leur côté, les prêtres devraient montrer explicitement qu'ils sont heureux dans leur vocation, ce qui va de pair avec une conscience très claire de leur identité dans le cadre de leurs fonctions liturgiques. Si les prêtres célèbrent les saints Mystères avec foi et dévotion, et conformément aux livres approuvés, leur témoignage constitue alors une vraie prédication en faveur des vocations au sacerdoce, D'un autre côté, les jeunes ne désireront pas se joindre à un groupe de clercs, qui semblent incertains de leur mission, qui critiquent leur Église et lui désobéissent, et qui célèbrent leurs propres « liturgies » conformes à leurs choix personnels et à leurs théories. En conclusion, un Institut Supérieur de Liturgie et une faculté de théologie sont des instruments précieux dont l'Eglise dispose pour la diffusion d'une théologie correcte sur le prêtre en tant qu'instrument du Christ dans la sainte Liturgie.
6. Le rôle de l'Evêque
Il est évident que la communion ecclésiale doit signifier communion avec l’Evêque diocésain et entre les Evêques et le Pape. Dans le diocèse, l'Evêque est le premier dispensateur des Mystères du Christ. Il le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique de l'Eglise diocésaine (cf. Christus Dominus 15 ; CIC, can. 387 ; Redemptionis Sacramentum, 19). L'Evêque dirige l'administration des sacrements, en particulier celle de la Sainte Eucharistie. Quand il concélèbre dans sa cathédrale en compagnie de ses prêtres, avec l'assistance des diacres et des ministres de rang inférieur, et avec la participation du saint Peuple de Dieu, on est alors en présence de « la principale manifestation de l'Eglise » (Sacrosanctun Concilium, 41). Les facultés catholiques de théologie, les instituts liturgiques et les centres pastoraux ont pour vocation d'aider l'Evêque, en tant que Pasteur du diocèse. Ils coopèrent aussi d'une manière appropriée avec la Conférence des Evêques et le Siège Apostolique, et ils aident à expliquer et à diffuser les documents et les instructions émis par ces différentes instances. Ils constituent évidemment de précieux conseillers pour l'Evêque diocésain, les Conférences des Evêques et le Saint-Siège. Du fait de leurs compétences, ils aident le peuple à comprendre que la sainte Liturgie n'est pas un domaine où règne la libre recherche mais qu'elle est bien la prière officielle et publique de l'Eglise dont le Pape et les Evêques sont en premier lieu les responsables. Un institut catholique ou une faculté de théologie légale comprend alors qu'il ne convient pas d'emprunter une voie parallèle à celle de l'Evêque ou du Saint-Siège, ou bien de se considérer comme un observateur indépendant ou critique. A ce sujet, nous devons remercier « l'Institut Supérieur de Liturgie » pour le rôle positif qu'il a joué durant un demi-siècle dans l'Eglise, en vue de la promotion de la sainte Liturgie et de la communion ecclésiale. Ces propos nous conduisent à la conclusion, qui comportera une liste des quelques services qu'on pourrait attendre de la part d'un Institut Supérieur de Liturgie.
7. Les quelques services qu'on peut attendre de la part d'un Institut Supérieur de Liturgie
A partir de ce qui vient d'être dit, on peut en conclure qu'un Institut Supérieur de Liturgie devrait être une maison où règnent la lumière et l'amour. Il devrait donc préparer des experts aptes à informer et à donner eux-mêmes une formation en matière liturgique. Par conséquent, il lui revient de susciter auprès du peuple la foi et l'amour de l'Église, de telle sorte qu'il puisse apprécier que « les normes liturgiques sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de l'Eucharistie ; tel est leur sens profond. La Liturgie n'est jamais la propriété de quelqu'un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle son célébrés » (Ecclesia de Eucharistia, 52). Cela signifie que les instituts d'études liturgiques devraient mettre à la disposition des fidèles les moyens nécessaires pour qu'ils soient capables de rejeter la banalisation, la désacralisation et sécularisation. L'horizontalisme, qui conduit le peuple à se célébrer lui-même au lieu de célébrer les Mystères du Christ, a des conséquences néfastes pour la foi catholique et le culte, et c'est pourquoi il doit absolument être évité. Les instituts liturgiques devraient aussi aider le peuple à mieux apprécier le lien existant entre, d'une part, la célébration du Sacrifice eucharistique et, d'autre part, le respect et l'adoration envers la Sainte Eucharistie en dehors de la Messe , en favorisant des pratiques telles que la visite du Saint-Sacrement, la Bénédiction eucharistique, l'Adoration eucharistique, les Processions ou les Congrès eucharistiques (cf Redemptionis Sacramentum, nn. 129-145). Un Institut tel que le vôtre exerce une grande influence, du fait de l'orientation et de l'esprit de ceux qui y étudient, de ses publications, et aussi à cause de son autorité morale lorsqu'il transmet ses idées et ses réflexions aux centres liturgiques et pastoraux diocésains, ainsi qu'aux maisons d'éditions. Cette influence s'étend au-delà de la France, et atteint les villages de l'Afrique, de l'Asie et du Pacifique. Un Institut Supérieur de Liturgie doit constituer une aide efficace pour l'Évêque, pour la Conférence des Évêques et pour le Saint Siège, en ce qui concerne la formulation des directives en matière de liturgie et l'articulation de la théologie sous-jacente aux rites liturgiques. Puisque « la Liturgie est le sommet auquel tend l'action de l'Eglise, et en même temps la source d'où découle toute sa vertu » (Sacrosanctun Concilium, 10), personne ne peut manquer de considérer l'importance de l'apostolat d'un institut d'études liturgiques. Cher « Institut Supérieur de Liturgie », je t'adresse tout mes meilleurs veux à l'occasion de tes cinquante ans ! Par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Notre- Seigneur, dont nous célébrons les mystères dans la liturgie, puisse cet institut et tous ceux qui, semblables à lui, sont répandus dans le monde entier, croître en efficacité et dans son amour de l'Eglise, dans l'accomplissement de sa haute vocation et de sa noble mission.
+ Cardinal Francis ARINZE